Arts numériques XXe-XXIe siècles

Comment la technologie modifie-t-elle nos perceptions de l’art, de l’espace, du temps et de nous-même ? Comment cette transformation technologique influence-t-elle nos comportements, nos rapports à autrui et avec la société ? Les artistes nous font partager leurs réflexions en vous invitant à ouvrir de nouveaux imaginaires. Ce cours retrace l’histoire de l’art numérique à travers l’étude de ses principaux courants et artistes tout en prenant en compte les enjeux théoriques et esthétiques.

Détournements, IA, Art génératif, Art immersif et interactif

Description
En février 2023, le Centre Pompidou est le premier musée d’art moderne à
acquérir pour la première fois un ensemble de NFT de treize artistes français et internationaux pour sa collection. Les arts numériques regroupent les pratiques artistiques issues de l’informatique, longtemps séparés de l’histoire de l’art, qui n’existent que par le support numérique : net art, software art, installations interactives etc. Les champs explorés sont vastes et interrogent notre perception de la réalité et de nos sens : environnements immersifs, virtualité et interactivité sous forme de dispositifs autonomes, voire intégrés dans des créations scéniques (spectacle vivant, performances…) À l’écran, Internet reste le médium-phare, accessible et tentaculaire : activisme en ligne, détournement des codes, outils génératifs… Le détournement des réseaux sociaux introduit à des pratiques artistiques inédites sous forme de performances et d’interventions à l’intérieur de ces mêmes réseaux.


Issus de pratiques hétérogènes (informatique, design, architecture, musique, politique…) mélangeant la science et l’art (art biotech, sofware art, intelligence artificielle…), les arts numériques s’inscrivent dans le champ de l’art contemporain en y incorporant une production spécifiquement liée aux nouveaux médias. Comment la technologie modifie-t-elle nos perceptions de l’art, de l’espace, du temps et de nous-même ? Comment cette transformation technologique influence-t-elle nos comportements, nos rapports à autrui et avec la société ? Les artistes nous font partager leurs réflexions en vous invitant à ouvrir de nouveaux imaginaires. Ce cours retrace l’histoire de l’art numérique à travers l’étude de ses principaux courants et artistes tout en prenant en compte les enjeux théoriques et esthétiques.

Team Lab, The Infinite cristal Universe, 2023


Les axes d’approches théoriques suivant seront abordés : 12 H CM + 6-8 H TD/ semestre hybride et distanciel
○ Histoire de l’art numérique (1 & 2)
○ Détourner les réseaux sociaux : créations et détournement des algorithmes, des applications et des IA (ChatGPT)
○ Art génératif : usages des IA et du code par les artistes
○ Art immersif et art interactif
Examen : Étudier des œuvres numériques, mouvement artistiques ou pratiques numériques en art/ imaginer la maquette d’un dispositif d’art génératif ou d’art immersif (une partie en individuel et une partie en travail en groupe)/

Contenus :
● Introduction à l’histoire de l’art numérique
● Art génératif, interactif et art immersif : historique et concepts
● Présentation de quelques plateformes d’échange d’art NFT
● Réflexions et enjeux sur les NFTs dans le contexte de l’art et des musées
● Expérimentation avec des outils de création dans un monde virtuel
● Réception du Public, des musées, mondes réel/virtuel : discussion sur les voies
possibles pour l’avenir de l’art numérique
● Création d’un projet d’exposition d’art génératif ou immersif

Véronique Béland, As we are blind, 2016

Objectifs pédagogiques:


Comprendre les opportunités et les enjeux du multivers pour les industries
créatives et culturelles.
● S’initier aux théories des arts numériques
● Connaître les plateformes, laboratoires, festivals et lieux de création et de
diffusion en France et à l’étranger (Stéréolux Nantes, Lieu Multiple Poitiers, Ecole Bellecour à Lyon, Centre des Arts d’Enghien les Bains, AI Art Gallery, Molten Immersive Art, INREV, Team Lab, etc.)
● Comprendre ce qu’est le l’interaction et l’immersion
● Découvrir des œuvres et des artistes (rencontres avec des artistes lors de
séminaires)
● Identifier des opportunités d’expérimentation et de création numériques
● Cerner les croisements possibles entre NFT et les mondes virtuels
● Discuter d’enjeux reliés à ce nouveau médium et aux arts numériques

Artistes étudiés :


Nils et Florent Aziosmanoff
Maurice Benayoun
Fred Forest
Jeffrey Shaw
Grégory Chatonsty
Sophie Lavaud
Laurent Mignoneau
Nam June Paik
Bill Viola
Damien Hisrt

David Hockney

Miguel Chevalier

Mokomi, 2023

César Escudero Andaluz (Linz)
Anthony Antonellis (New York)
Thomas Cheneseau
Raphaël Isdant (Paris)
Felipe Rivas San Martin (Santiago du Chili)
Benjamin Grosser (Chicago)
Antonin Laval (Sarlat)
Kaja Cxzy Andersen (Brooklyn)
Clift N. Anthony aka Bored Lord (Memphis)
Milo Reinhardt & Conan Lai (Montréal)

Véronique Béland
Jonas Lund (Amsterdam)

Joanie Lemercier

Beeple, IA war, 2023

Felipe Pantone
Jason Ting
Etienne Jacob
Yoshi Sodeoka
Albertine Meunier
Elshareef Kabbashi
J.-B. Wallers-Bulot
Yuk Hui
Jisoo Yoo – Jeu 2022
Immorphosis, Collectif Scale
NTF Paris 2023
Teamlab, La Villette
The Reel Store, Coventry

Sabrina Ratté

Adrien M & Claire B , Lyon

Refik Anadol Studio and RAS LAB
Claire Silver (IA)
Yuga Lab
CryptoPunks – Larva Labs

  • Lillian Schwartz
  • Miri Segal
  • Vidya-Kelie Juganaikloo
  • Laura Sheper
  • Mokomi
  • Plyzitron
Ben Grosser, Not for you project, 2020 https://bengrosser.com/projects/not-for-you/

● Festivals et Ressources en ligne

Expositions récentes :


1) Coder le monde, Ryoji Ikeda/Continuum, jusqu’au 27 août 2018, au Centre Pompidou, à Paris. centrepompidou.fr.
2) Artistes & Robots, jusqu’au 9 juillet 2018, au Grand Palais, à Paris. grandpalais.fr
3) Digital Icônes, les 20, 21 et 22 juillet, au Grand Festival, chapelle Buvignier, à Verdun.legrandfestival.fr.
4) Al Musiqa, jusqu’au 19 août, à la Philharmonie de Paris. philharmoniedeparis.fr
5) Capitaine futur et la supernature, jusqu’au 15 juillet, à la Gaîté Lyrique, à Paris.gaite-lyrique.net.
6) Data, jusqu’au 6 octobre 2018, à la Fondation EDF, à Paris. fondation.edf.com.
7) Trésors de Lyon, artsandculture.google.com/project/lyon
8) Atelier-lumieres.com
9) TeamLab, Au-delà des limites, jusqu’au 9 septembre 2018 , à La Villette, à Paris.lavillette.com.

http://www.felipepantone.com Felipe Pantone

Sites internet


● Archives.org
● Ars Electronica
○ Archives
● Art Futura
● Centre Pompidou
● Compart – Center of Excellence Digital
Art
Cybernetic Serendipity Archive
Dominique Moulon
● Electronic Arts Intermix
● Encyclopédie Nouveaux Médias
● International Symposium on Electronic
Art (ISEA)
○ Archives depuis 1988
● Leonardo
● Living Mona Lisa

● Medien Kunst Netz / Media Art Net
● Museo Nacional Centro de Arte Reina
Sofia
● Noomuseum
● Ubu Web
● Vasulka
● Video Data Bank
● Vidéo des premiers temps
● Vidéo les beaux jours
● Vidéoformes Digital Arts et son
magazine Turbulences Vidéo
● Web Net Museum

Futuristic art gallery with VR equipment. 3D generated image. All projected images are my own and are entirely computer generated as well. VR controllers are modeled by me, custom designed and not based on any real model/brand.

@Gregory Chatonsky @teamlabar @Joanie Lermercier @Adrien M et Claire B

Gif d’accueil : @Felipe Pantone

Bibliographie disponible à la demande

Suivez ma veille sur Twitter et abonnez-vous

Contact

N’hésitez pas à me contacter pour tout RDV et information complémentaire en utilisant les coordonnées ci-dessous ou utiliser le formulaire.

Pédagogie par projet : création de site web

Chaque année, je propose aux étudiants de L1 un projet sur l’année en travail de groupe. Cette pédagogie par projet leur permet de fédérer et développer l’ensemble des compétences numériques nouvelles acquises au cours de cette 1ere année universitaire dans le cours de TD de Culture numérique, qui est souvent le premier vrai cours de culture numérique qu’ils ont dans leur parcours scolaire.

Etapes en 2 temps de la pédagogie par projet :

Bravo à tous !

créer un site web

Ce projet représente un véritable challenge pour la majorité des étudiants de 1ere année, qui n’ont pas eu de cours de Culture numérique, ni jamais réalisé un site web. Leur montée en compétence en 1 an est énorme et ils sont très fiers de leur évolution. Alors go !

Débuter nouveau cours ? Commencez ici

Photo de Ivan Samkov sur Pexels.com

  1. Mener une veille documentaire sur un sujet de culture numérique :

TRAVAIL DE GROUPE : Les étudiants doivent choisir un.e camarade pour constituer un groupe de travail en binôme. En raison de l’enseignement à distance, j’ai dû réduire ce nombre à 2, afin de leur faciliter les échanges à distance, surtout lors des confinements successif (il y en a eut 2 cette année 2020-2021, en novembre-déc. 2020 et en mars 2021). Les étudiants de L1 n’ont pas vraiment l’habitude de s’organiser ni de travailler en groupe sur l’année. Ils doivent donc apprendre à respecter le délais de rendus des travaux à chaque étapes du projet, les mises en forme demandés, tout en utilisant des outils numérique collaboratifs parfois nouveaux pour eux. Ils reconnaissent que l’utilisation du chat et des réseaux sociaux les aident également à communiquer entre eux.

SUJET DE CULTURE NUMÉRIQUE : Ils doivent également choisir un thème de recherche parmi une liste de 15 sujets en culture numérique. Ces sujets sont imposés, ainsi que le plan du dossier qu’ils doivent rendre dans les 3 mois au 1er semestre, sous forme d’un texte et d’un diaporama qui fait l’objet d’une présentation orale. Mais les étudiants ont une marge de manœuvre dans le traitement du sujet, dans l’axe de recherche et dans le choix des exemples significatifs à mettre en avant pour illustrer leurs propos. Certains de ces thèmes sont également enseignés au 2d semestre, voir mon précédent article ici.

CRÉATION D’UNE VEILLE DOCUMENTAIRE : La méthodologie universitaire du 1er semestre est ainsi consacrée à l’enseignement de la Recherche d’information-RI et à la mise en place d’une veille documentaire sur le sujet qu’ils ont choisi, en binôme. Des outils de veille et un compte Twitter doivent être utilisés et validés par des exercices successifs et des objectifs clairs. Cette recherche documentaire sur le Web, est guidée par les méthodes de veille classique avec les différentes étapes à respecter. Elle doit être complétée par les outils et ressources disponibles à la Bibliothèque Universitaire – BU. Ils apprennent ainsi à avoir des sources pertinentes, à découvrir de nouveaux médias, à vérifier l’information, à en tirer les informations nécessaires, à synthétiser leurs idées, à les mettre en forme et à les diffuser. Nous avons remarqué que ces différentes étapes sont très laborieuses pour la plupart des étudiants. Il faut donc prendre le temps nécessaire pour bien leur faire assimiler la méthodologie, à avoir des sources fiables et sérieuses, à savoir les sélectionner et les retranscrire de manière professionnelle. Cette méthodologie étant nouvelle pour eux, il faut parfois toute une année afin qu’ils la comprenne et l’assimilent réellement. Par ailleurs il peut y avoir des réticences à utiliser l’outil Twitter, en raison de sa mauvaise réputation. Il faut alors leur expliquer son fonctionnement, leur montrer les avantages et les limites, et son utilité qui pourra être prolongée tout au long de leur cursus.

Cette année, les sujets les plus prisés par les étudiants ont été : « les influenceurs et les youtubeurs », « Les réseaux sociaux », « Les plateformes de musique en ligne », « les jeunes sur internet », « le cyber-harcèlement » et « l’intelligence artificielle »

2. Créer un site Web informatif grand public sur une thématique de Culture numérique

CREATION D’UN SITE WEB : A partir de leur dossier de veille, les étudiants créent au 2d semestre un site web informatif sur un CMS simple gratuit. Je leur donne des éléments de base dans les éléments suivants : vocabulaire du Web design, charte graphique, écriture web, graphisme web, UX design, choix des images libres de droit, respect du droit d’auteur, responsive design et web design responsable. Des cours en présentiels leur permettent de compléter leur formation en création d’images multimédia : photomontages, création de vidéos, graphisme, remix et mashup.

OUTILS UTILISES : CMS gratuits WordPress et Wix qui a nécessité la création de tutoriels en ligne pour les étuditants et 2H de cours communs pour leur démonstration. Outils de veille: Tableau de veille et profil Twitter. Les méthodologies de recherche d’information, de connaissance des sources d’analyse de médias et de synthèse sont également étudiées et expérimentées sur les heures de cours de TD en présentiel à l’UCO avec ma collègue Tiphaine Carton. Outils de PAO : retouches photos, graphisme, multimédias étudiés lors des cours à l’université avec les intervenants Tom Niderprim, Léo Lefort, Anne Leffray.

LICENCE LIBRE ET EXPOSES DE LEUR SITE : Les étudiants doivent connaître et utiliser les règles de partage sur le Web, telle que la licence Créative Commons. A l’issue du semestre, après plusieurs étapes et exercices de validation de leur site, ils doivent livrer leur site web et le présenter à l’oral devant la classe. Cet exposé apprend à savoir se présenter, à valoriser leur travail et leur permet d’évoquer les difficultés et facilités rencontrées lors de ce projet. En voici quelques exemples tirés de leurs sites :

« Créer un site web était une première fois pour moi, cela a été un atout en plus dans mon CV, ça été utile pour décrocher un stage. Je peux être amené à gérer leur site web. » Salim

Photo de RODNAE Productions sur Pexels.com

« Nous avons énormément apprécié ce travail de groupe, c’est un bagage complet en numérique, un gros plus dans le monde de la communication » Lise

Photo de Anastasiya Gepp sur Pexels.com

« Au début la prise en main du CMS était un peu compliqué, les tutoriels nous bien ont aidé. On s’est rendu compte que créer un site est plus compliqué qu’on ne le pensait, cela prend du temps. On est très fiers de nous d’y être arrivé et d’avoir plus de compétences numériques. » Amael

« Nous avons appris l’envers d’un site web, ses coulisses. C’était une très bonne expérience, nous avons appris à gérer un CMS, à ajouter du contenu tout en étant créatif, et nous avons beaucoup appris sur notre sujet. » Clara

3. Apprendre à travailler en groupe

Travailler en groupe est un apprentissage pour les étudiants. Ils doivent à la fois s’adapter à l’autre et aux exigences et consignes du projet. Les avantages sont nombreux, entre l’échange des idées, le partage équitable du travail, le partage d’outils de travail et le fait de rester motivé. Même si pour le projet de site web, les étudiants sont en général très motivés et curieux d’atteindre les objectifs.

Loin des pratiques acquises au lycée, les travaux de groupe constituent une opportunité de développer compétences techniques et savoir-être que l’on retrouve dans les Soft skills. Le fait de travailler ensemble permet de confronter les idées. L’enseignant fait jouer plusieurs facettes : il favorise les investigations, les échanges entre les élèves, les aide à émettre des hypothèses, à les tester, à observer, à expliquer en argumentant, à faire des recherches documentaires. Le travail en groupe donne à l’enseignant l’occasion d’exercer pleinement son rôle d’accompagnement au plus près du travail des élèves. Nous avons retenus 5 avantages pour les étudiants :

Avantage nº1 : la confrontation à des opinions différentes

Qui se ressemble s’assemble. Le proverbe est bien connu et c’est d’ailleurs un problème. Travailler en groupe permet de se confronter à des styles, des opinions et des comportements différents. Autant de manières de sortir de sa zone de confort et de faire éclater sa bulle informationnelle pour une grande richesse sur le plan intellectuel. C’est la raison pour laquelle le travail en groupe – et particulier au sein de groupes hétérogènes – est très intéressant. C’est un processus qui prend du temps et qui est accompagné par les équipes pédagogiques, mais qui participe à l’accomplissement personnel des étudiants.

Avantage nº2 : le développement des soft-skills

Travailler en groupe, c’est devoir composer directement avec le facteur humain. Un terrain de jeu parfait pour développer ses soft-skills, entre gestion de crise, communication non verbale et expression du leadership. Les soft-skills, c’est ce qui fait la différence entre deux étudiants en apparence identiques. C’est ce petit plus qui apporte charisme et confiance dans les relations interpersonnelles : savoir communiquer, motivation et enthousiasme, adaptabilité, esprit et travail d’équipe, gestion du temps, prise d’initiative et proactif (sens des responsabilités, résolution de conflits, gestion de situations difficiles), éthique professionnelle (fiabilité, rigueur, persévérant.e, respectueux, être à l’écoute), esprit d’analyse (esprit de synthèse, ingéniosité, apprentissage rapide), ouverture d’esprit et curiosité, leadership (prise de décision, délégation, motiver, superviser, gérer), esprit d’entreprise, créativité (imaginatif, sensibilité artistique, communication visuelle, stroytelling, écritures nouvelles), confiance en soi, gestion du stress, être audacieux.

Les travaux de groupe sont justement des exercices pour parfaire ses soft-skills. La négociation y est constante et il faut ajuster la dynamique de groupe selon une grande variété de facteurs propres à l’environnement dans lequel il évolue.

Avantage nº3 : le développement de l’expression orale

Bien s’exprimer est indispensable dans le monde professionnel. Et c’est justement quelque chose qui s’apprend à l’UCO de Nantes. Le but est de savoir s’exprimer simplement, d’aller droit au but, de pratiquer l’écoute active et d’être capable de synthétiser une situation ou une décision de manière claire. Un étudiant qui s’exprime clairement est un étudiant qui sait se faire comprendre.

Et ce qui fonctionne en travail de groupe, devant une classe ou un amphithéâtre, fonctionne aussi en face d’un recruteur. En apprenant les bonnes pratiques et les techniques de communication, les étudiants ont ainsi plus confiance en eux et repoussent leurs limites. Un apprentissage qui permet aussi d’améliorer la prise de parole en public.

Avantage nº4 : pour apprendre à travailler en équipe

Travailler en équipe n’est pas inné. C’est le fruit de longues expériences qui sont peu à peu améliorées. C’est la raison pour laquelle, le travail de groupe est un tremplin à la fois stimulant et enrichissant. On peut faire beaucoup en groupe : on se stimule, on se challenge et on apprend surtout à se connaître et à mieux connaître les autres. D’autre part, le travail en groupe est également vecteur de valeurs positives, comme l’entraide et la solidarité. Dans tout groupe comme dans toute équipe, on gagne ensemble et on perd ensemble.

Avantage nº5 : un avant-goût du monde professionnel

Si le travail de groupe est si important dès la L1, c’est en raison de la réalité opérationnelle des entreprises. Briefing créatif, réunion commerciale, mise au point, lancement d’un nouveau projet, planification d’un événement… le travail en groupe est partout.

L’expérimenter à l’université donne un avant-goût de cette réalité. Art de la synthèse, écoute, prise de parole, motivation collective… que ce soit dans le cadre de l’animation de réunions ou du management d’une équipe pluridisciplinaire, les réflexes acquis à l’université résonnent toujours en entreprise.

En apparence simple et facile, le travail de groupe est en réalité une micro-société bien organisée. Un écosystème avec ses codes et ses règles qu’il faut appréhender de manière efficace. Un bon travail de groupe peut d’ailleurs faire d’un projet banal une idée de génie. Il ne reste plus qu’à pratiquer !

Liste de site web réalisés par les étudiants de L1 Info-Com UCO Nantes 2020-2021

Influenceurs et Youtubeurs

Ce thème a été largement été étudié par les étudiants. Ces nouveaux métiers ont énormément évolués en quelques années et lors de la pandémie. Les étudiants ont su montrer ces importantes évolutions économiques, sociales et technologiques, ils ont été curieux et pertinents dans leurs site web

Comment ça marche ?

Voici quelques exemples de sites web et de mises en pages réalisés par les étudiants de L1. Ils doivent respecter une architecture et un Menu précis, à adapter selon le sujet et les axes qu’ils ont choisis de développer: comment ça marche ?, économie, comparaison, enjeux actuels et à venir, conclusion et bibliographie

L’intelligence artificielle

Qu’est-ce que l’IA ? Quelle est son évolution, en France, en Europe, dans le monde ? Où est-elle présente dans notre quotidien ? Quelle est son évolution à venir ?

Les jeux vidéos

Le marché des jeux vidéos s’est considérablement développé ses dernières années en France et encore plus pendant la pandémie. En moyenne, un joueur passe 12h par jour devant son écran. Ce groupe a su créer un site très design et créatif à découvrir ici !

Les jeunes sur Internet est un sujet qui interpellent les étudiants, ils apprennent les pratiques réelles et décryptent les messages alarmistes des médias. Voir ce site ici
Le journalisme Web et les nouveaux Médias : Plusieurs étudiants se destinent au journalisme, ils ont choisis d’étudier le Journalisme Web : sa nouvelle économie, ses nouveaux modèles, ses nouveaux médias et ses modes de diffusion indissociables à présent des réseaux sociaux. Voir le site web ici
Nuage de mots créé pour chaque thématique, sur chaque site, voir ici sur les Jeunes et Internet
Site Web sur les Influenceurs et les Youtubers, les étudiantes ont fait un bon travail d’analyse très documenté, et elles font part de ce que leur a apporté ce projet de travail de groupe. Site à voir ici
Spotiphy, Deezer, Youtube, le thème des plateformes en ligne fait l’objet de beaucoup de curiosité et de site web. Ce groupe a créé un site très design est complet sur la question, à voir ici

Un des site web les plus complet et les mieux réussit est celui de ces deux étudiants sur les plateformes de musique en ligne sur Wix. En plus des 5 pages demandées, ils les ont déclinés en une vingtaine de pages très bien documentées, illustrées et explicatives. Bravo à tous pour leurs travaux ! Voir ce site Les plateformes de musique en ligne ici

« Ma plus grande satisfaction est de voir grandir en chaque étudiant.e leur propre fierté et la confiance en ce qu’ils ont accompli »

Laure Boyer, enseignante en Sciences de l’Information et de la communication

Cours en culture numérique et étude des médias

Vous cherchez un intervenant ou vous voulez mettre en place une nouvelle formation ?

Les enfants Youtubeurs et influenceurs : un monde parallèle qui nous échappe

Roman sociologique » disent certains, peut-être et alors ? Delphine de Vigan dépeint avec justesse et de manière très documentée un sujet méconnu, pour une fois qu’un roman s’empare enfin du sujet des enfants Youtubeurs, la violence de cet univers numérique qu’est la surexposition de soi à répétition (2 à 3 vidéos par semaine) jusqu’à l’aliénation et surtout la surexposition quotidienne de ses propres enfants jusqu’à la répulsion dans des scénarios là aussi répétitifs et pauvres.

UN AUTRE MONDE « Nous avons eu l’occasion de changer le monde et nous avons préféré le téléachat » STEPHEN KING, Écriture

Le roman « les enfants sont rois » de delphine de vigan : entre fascination et répulsion pour un monde qui nous échappe

Ce roman polar commence avec cette citation de Stephen King, et ne vous lâche plus. Il peut se lire d’une traite, l’histoire vous happe et le style nous embarque dans un rythme haletant. Quand on doit espacer sa lecture, ce roman vous hante et vous percute. On prend en pleine face nos propres habitudes et routines sur les réseaux sociaux, tout en voulant tout à coup en réaction, les mettre à distance. Avec Clara l’enquêtrice procédurière de la Crime chargée de retrouver Kimmy, cet enfant de 8 ans déjà célèbre qui a disparu dès le début du roman, on découvre entre stupéfaction et fascination les coulisses ce monde numérique parallèle de la télé-réalité et des enfants Youtubeurs – influenceurs. Ce qui monte à mesure que l’on avance dans le roman, c’est cette profonde humanité que l’auteure construit avec brio : elle ne juge pas ses personnages, elle les décrit dans une fine analyse psychologique balzacienne qui les dévoile peu à peu, comme les éléments d’une enquête.

« Roman sociologique » disent certains, peut-être et alors ? Delphine de Vigan dépeint avec justesse et de manière très documentée un sujet méconnu, pour une fois qu’un roman s’empare enfin du sujet des enfants Youtubeurs, la violence de cet univers numérique qu’est la surexposition de soi à répétition (2 à 3 vidéos par semaine) jusqu’à l’aliénation et surtout la surexposition quotidienne de ses propres enfants jusqu’à la répulsion dans des scénarios là aussi répétitifs et pauvres. Les enfants doivent jouer constamment un rôle, répéter des phrases stupides, s’extasier devant des montagnes de jouets et se gaver de junk food dans diverses challenges publicitaires, être filmés dans leur chambre, dans leur lit, quoiqu’ils fassent, pour faire des likes, des millions de vues, des centaines de vidéos postés sur Youtube, sans qu’on leur demande réellement leur avis, emprisonnés dans le vide émotionnel de leur célébrité et noyés sous la machine infernale de l’ultra-capitalisme dont ils deviennent les objets. Alors qu’ils n’ont rien demandé. Même si ils semblent y adhérer, pour faire plaisir à leur parents, et parce que les revenus de leur famille désormais reposent sur leurs petites épaules. Leur enfance leur est volée.

Depuis le 20 avril 2021, une nouvelle loi sur l’exploitation commerciale des mineurs de moins de 16 ans donne un cadre aux enfants Youtubeurs et influenceurs sur Internet en France. C’est une première mondiale. Votée et promulguée le 19 octobre 2020 à l’Assemblée, si cette loi n’est pas parfaite et ne sera sans doute pas appliquée par tous, avec les contournements qui existent déjà, mais elle renforce un droit inaliénable le plus fort qui soit, le droit à l’image. Cette question du droit à l’image sera d’ailleurs de plus en plus importante dans les années à venir, face à la multiplication des chaines Youtube mettant en scène des enfants et des comptes Instagram dédiés à des bébés de célébrités ou de la famille lambda, aux influenceurs utilisant leur famille et leurs enfants dans des mises en scène léchées et inquiétantes, pour vendre des produits (voir photos et exemples de merchandising et placements de produits plus bas). Voire même de plus en plus, la diffusion d’accouchements dans des Vlog familly (Mamans célèbres, Baby story).

Delphine de Vigan, Les enfants sont rois, 2021

C’est à l’occasion de l’application de la loi contre l’exploitation commerciale des mineurs de moins de 16 ans sur Internet et de la sortie du dernier roman de Delphine de Vigan en mars 2021, Les enfants sont rois, chez Gallimard, que je viens de lire dans le contexte du 3e confinement, que je vous livre ici un essai de critique, non pas littéraire, mais d’enseignante en Culture numérique et en étude des médias. Ce roman est actuellement dans le top des ventes, ce qui montre l’intérêt du public pour le sujet et pour son talent.

Big brother devient une réalité virtuelle

Le roman débute donc avec le procès verbal de police signalant la disparition d’une petite fille de 6 ans, Kimmy Diore. Lors d’une partie de cache-cache, cette enfant déjà célèbre Youtubeuse de la chaîne Happy récrée, créé par sa mère Mélanie depuis 4 ans, disparaît après s’être caché dans le parking de l’immeuble. Cette disparition avec l’enquête qui s’ensuit forme la trame d’une bonne partie du roman. Et on comprend en avançant que le symbole de la partie de jeu n’est pas choisi par hasard, il a un sens très fort pour Kimmy que l’on préfère même penser plus en sécurité « cachée » plutôt qu’exposée encore et encore sur la Toile. Le motif de cette disparition trouble rapidement le lecteur et nous suspend à l’enquête policière. Kidnapping avec demande de rançon ? Vu la célébrité et les millions que les parents se font sur le dos de leurs enfants cela restera la piste principale, avec le risque d’avoir affaire à un pédophile. Ou bien c’est Kimmy qui est « partie » pour fuir cet engrenage familial qu’elle ne supporte plus, pour retrouver un temps à soi, au calme, loin de la caméra et du bruit des réseaux ?

Le livre met en avant selon moi, 4 personnages principaux : deux femmes qui s’opposent totalement, Mélanie la mère de Kimmy, un personnage vide que sa propre existence ennuie, rejetée par ses parents, en recherche constante d’approbation, donc de likes, pour se sentir exister ; Clara la policière enquêtrice, travailleuse de l’ombre, en marge, célibataire sans enfants, aux allures d’adolescente mais avec un forte autorité, fille de militants de gauche qui a appris à décrypter les images et à forger son esprit critique, à penser les choses et à les questionner, ce qui l’avait mené à devenir une « procédurière » pointilleuse, surnommée l' »académicienne » par ses collègues pour son goût pour les mots justes. Et les deux enfants de Mélanie, Kimmy et Sammy, le grand frère de 10 ans, lui aussi Youtubeur aux côtés de sa soeur, toujours prêt à répondre au désir de ses parents.

Trois temporalités : Trois temps de la vie des images

L’auteure met en scène 3 temporalités : les années 2000, avec l’apparition de la télé-réalité, dont on voit Mélanie va se gaver à 17 ans, jusqu’à vouloir en devenir une candidate ratée. Tandis que Clara la regarde en cachette, tandis que ses parents vont militer et manifester devant les studio du Loft en jetant des poubelles. C’est avec une grande justesse que Delphine de Vigan fait cette généalogie de la célébrité sur les réseaux sociaux. La 1ere émission en 2001, Loft Story a sidéré tout le monde par son concept et son succès. Ce programme a été directement calquée sur l’émission de télé-réalité néerlandaise de 1999 nommé Big Brother. On notera la perfidie de la référence assumée au roman 1984 de Georges Orwell, « Big brother is watching you », que l’on s’est bien gardé par la suite d’évoquer. Le format sera repris en France sous le nom Secret Story pendant 10 ans (2007-2017) et, selon Wikipedia, dans une vingtaine de pays à travers le monde. La société du spectacle ne peut pas à ce point se remettre en question. On fête cette année les 20 ans du Loft et les 70 ans de la mort d’Orwell qui doit encore se retourner dans sa tombe.

« Ses parents s’étaient trompés. Ils croyaient que Big Brother s’incarnerait en une puissance extérieure, totalitaire, autoritaire, contre laquelle il faudrait s’insurger. Mais Big Brother n’avait pas eu besoin de s’imposer. Big Brother avait été accueilli à bras ouverts et le cœur affamé de likes, et chacun avait accepté d’être son propre bourreau. Les frontières de l’intime s’étaient déplacées (…) en échange d’un clic, d’un coeur, d’un pouce levé, on montrait ses enfants, sa famille, on racontait sa vie. Chacun était devenu l’administrateur de sa propre exhibition, et celle-ci était devenue un élément indispensable à la réalisation de soi. »

Les enfants sont rois, p. 227

Cette généalogie donc fonctionne avec les vidéos de ces mêmes candidats qui se lancent influenceurs, des influenceurs beauté ou lifestyle, ainsi qu’avec les enfants youtubeurs qui déballent des cadeaux, se promènent dans les grands parcs d’attractions, réalisent des challenges stupides, prescripteurs à peine cachés des diverses marques qu’ils ont à promouvoir et qui assurent des revenus conséquents à leurs parents. Mais la généalogie s’arrête là pour les « vrais Youtubeurs » qui eux ont voulus casser ces codes de la télé-réalité, s’en sont affranchit pour proposer d’autres types de contenus plus solides : humoristes, coachs sportif, journalistes de terrain, experts en tel ou tel domaine (technologie, culture, histoire, sciences etc.) Une certaine « lassitude » et un ras-le-bol des plus grands Youtubeurs s’est d’ailleurs fait ressentir ces dernières années (Norman), contre un formatage de Youtube vers un retour aux codes de la télé-réalité pour faire le buzz. Il y a eut aussi évidement les nombreux déclins d’anciens candidats de télé-réalité, la plus célèbre étant Loana adulée puis traînée dans la boue. Un personnage du livre, Grégoire Larando, un ancien candidat de Koh-Lanta, amant d’un soir de Mélanie, illustre ce triste sort en devenant un looser dépressif suicidaire. Delphine de Vigan ne ménage pas le destin de ces personnages vides qui après une célébrité aussi éphémère que violente, plongent dans les abîmes de l’oubli.

Cette surexposition et marchandisation des corps et des émotions, continuent d’ailleurs à avoir du succès fou (selon les études ce sont les émissions les plus regardés à la TV, devant le sport, le cinéma et l’actualité) selon les formats exploités à la télévision avec La Villa des coeurs brisés, Koh-Lanta, par exemple, dont sont fans la plupart des adolescents, des jeunes de 20 ans, ainsi qu’un public adulte plutôt féminin. Ils aiment échanger ensemble sur les derniers buzz et clashs entre les uns et les autres candidats. Les recettes du succès de la télé-réalité sont connues et assez simple : la jeunesse, la beauté plastique, l’argent, la popularité, le sexe, le rire, les engueulades. Besoin de « se vider la tête », de se comparer, de se divertir ou de voir ses congénères vivre au quotidien afin de palier le vide de sa propre vie, ou pour tenter de trouver des réponses dans la construction de soi… Mais au fond les éléments fédérateurs des deux côtés de l’écran sont l’appât du gain et la célébrité.

la dictature de la visibilité ou Devenir image pour exister

Le statut de l’image a radicalement changé au début du 21ème siècle à partir du moment où un changement s’est opéré dans la distribution de l’image. Du statut de reproduction de l’image, courant dominant du 20ème siècle notamment analysé par Walter Benjamin, nous sommes passés dans l’ère de la distribution, comme l’expliquent Annie Le Brun et Juri Armanda dans leur essai Ceci tuera cela (Stock, 2021).

Aussitôt produite, une image est immédiatement distribuée dans le monde entier.

L’image a complètement basculé dans le monde de l’argent, qui est la production d’images sans imagination. C’est la pire des choses qui pouvait arriver

Aujourd’hui, l’image est complètement instrumentalisée. Elle est l’arme par excellence du capital : par Internet, elle est à la fois moyen de profit et moyen de contrôle.

Annie Le Brun, Ceci tuera cela. Image, regard et capital, Stock, 2021

La 2e temporalité du roman est le moment présent, l’année 2020 plus précisément lors de l’écriture du roman. Dix ans après l’explosion de Youtube et de la révolution du smartphone ( l’Iphone sort en 2007, Android de Google est lancé en 2008), celui de Tik Tok depuis un an, les Youtubeurs enfants célèbres représentent une centaine de comptes aux USA. Mélanie s’en inspire directement pour créer sa chaîne et mettre en scène ses enfants, en copiant les jeux d’unboxing (déballage de cadeaux, de colis surprises, jusqu’à 20 millions de vues), les Battle (dégustation d’une série de produits issus de la junk food, entre 2 et 6 millions de vues), le Buy everything (achat de tout ce qu’ils veulent dans un magasin, entre 2 et 20 millions de vues), 24h ou le Instagram décide de ta vie (pendant 24h les fans choisissent ce qu’ils doivent faire). En France il existe une dizaine de chaînes célèbres qui créent clairement un certain malaise : Studio Bubble Tea (2 sœurs, 1,73 abonnés, 1,7 milliards de vues, depuis 2014) Swan The voice de Néo et Swan (2 frères, 5 et 8 ans, 5 millions d’abonnés, 1865 vidéos, depuis 2016), Nastya (10 chaînes dans chaque pays), Moi c’est Anthéa, 9 ans (225.000 abonnés, 9 millions de vues). Le Youtubeurs N°1 aux USA est Ryan Kadji à seulement 9 ans (en 2020 il a gagné 30 millions de dollars, cumule 12.2 milliards de vues sur ses 8 chaînes, vend de nombreux produits dérivés à son effigie). Inspirée de ces exemples, surtout les deux premiers quand on consulte ces chaînes, Delphine de Vigan nous plonge dans l’envers du décor de paillettes et des sourires du bonheur d’une famille parfaite.

Mélanie, qui pensait vaincre sa solitude, finit enfermée dans une autre solitude dans un monde virtuel, riche à millions, sans véritables amis mais adorée par sa communauté de fans avec qui elle « partage » en continu son bonheur familial mis en scène, leur joie contrefaite. Cette femme, mal aimée par ses parents, rêve sa vie « embellie par les filtres et les pluies de paillettes » plutôt que de vivre dans le réel et créé autour d’elle une communauté, une famille de cœur, qui la soutient plus que ses propres parents. Cette odieuse exploitation commerciale de ses enfants, dont elle semble ne pas réaliser les risques, est une forme de maltraitance invisible. Ces enfants esclaves, transformés en singes savants, accomplissent un travail harassant qui les isole des autres enfants et les expose au pire.

Une dernière partie du roman se déroule en 2031, dans un dystopie assez proche de nous qui ouvre admirablement le roman dans une dimension futuriste, une projection propre au monde technologique, où l’on se projette toujours dans les inventions à venir, les nouvelles capacités de telle ou telle technologie, l’avenir des réseaux sociaux, leur évolution. C’est d’ailleurs une dimension sur laquelle je demande à mes étudiants de réfléchir. Vers quoi nous allons ? Qu’est-ce que tout cela va donner ? Qu’elles inventions, applications, nouveautés allons nous utiliser ? Lesquelles vont disparaître ? Qu’est-ce qui sera mieux ou pire ? De Vigan elle se demande : qu’est-ce que deviennent ces enfants stars 10 ans après ? Comment vivent-ils leur adolescence et leur vie de jeunes adultes ? Acceptent-ils que leur enfance soit étalée, visionnée encore maintenant des millions de fois sur Youtube et Instagram ?

les enfants youtubeurs : du mythe a la réalité, une maltraitance invisible

« Toutes ces vidéos obéissent au même ressort dramaturgique : la satisfaction immédiate du désir ». Le roman devient rapidement une plongée profonde dans l’univers glaçant de la starification de Sammy dès 5 ans et de Kimmy dès ses 3 ans sur Youtube, puis sur plusieurs chaînes et comptes Instagram que Mélanie créé pour les diverses activités de ses enfants et pour elle-même. « A bientôt mes chéris, plein de poutous et de bisous étoiles » La cadence des tournages et des week-end dans les Meetup ou les parcs d’attractions, les produits dérivés qu’ils doivent aussi promouvoir ( agenda, jeux, carnets, stylos…) les stories que leur mère se plaît à ajouter dans leur tâches les filmant dans leurs moindres geste pour que les fans ne perdent rien de leurs journées, Kimmy et Sammy n’arrêtent pas. Au moins dit leur mère, « ils n’ont pas le temps de s’ennuyer« .

Rapidement, on sent un malaise enfermer ces enfants, et c’est d’abord Kimmy, jolie petite fille aux cheveux blond, la plus adulée, la plus sollicitée par ses fans et par sa mère qui va l’exprimer. « Vous savez ici les enfant sont rois » rassure Mélanie dans des vidéos explicatives, suite à certaines rumeurs qui commencent à se répandre dans le voisinage et à lécole sur l’exploitation de ses enfants, qui ne sortent plus, n’ont plus de copains. Victime elle-même du système qu’elle met en place à leur dépend, systémique de l’idolâtrie et de la fascination qu’elle ressent pour eux, comme des millions de parents qui postent chaque jour des photos et des vidéos de leurs enfants sur Facebook, Instagram ou Tik Tok, sans se soucier de leur avis ni des conséquences que cela peut avoir pour eux, aujourd’hui, demain, quand ils auront 20 ans.

Mélanie vend l’image et la vie de ses enfants à des millions d’abonnés qu’elle ne connaît pas. Elle les exploite pour faire du placement de produit et de la monétisation de contenus, selon les termes du marketing digital. Le monde des enfants stars des réseaux sociaux a explosé depuis une dizaine d’année. Il se développe même encore plus depuis le début de la pandémie il y a un an, puisque la fréquentation des réseaux sociaux bas tous les records. Le dernier rapport de résultats publié en février par Alphabet (Google) a révélé que le chiffre d’affaires publicitaire de YouTube a atteint près de 20 milliards de dollars l’année dernière, soit une croissance annuelle d’environ 30 % malgré les effets de la pandémie sur les dépenses des annonceurs.(Chiffres Youtube et Instagram voir ci-dessous). Des nouvelles plateformes apparaissent, telles que Twitch, Tik Tok et Discord, donnant de plus en plus de place au live streaming qui rencontre un fort succès pour l’interactivité avec les fans.

Peu à peu, Kimmy tente de se soustraire au rythme et au scénarios répétés des tournages des vidéos. Plusieurs personnes déjà l’on remarqué dans son entourage et dénoncent son exploitation. Clara lors de son enquête, remarque en visionnant toutes les vidéos Happy récrée un changement évident d’attitude de l’enfant dans les dernières semaines. Elle aurait envie de la sortir de là, elle voit sa souffrance et sa fatigue : « Kimmy se faisait prier pour tout. Elle oubliait son texte, n’écoutait pas les consignes, et faisait mine de ne pas comprendre. Le principal sujet d’achoppement concernait les tenues qu’elle devait porter. A six ans, sa petite fille refusait catégoriquement d’enfiler jupes, robes, collant et, à vrai dire, n’importe quel vêtement connoté de manière féminine. » Une opposition flagrante au monde pailleté de sa mère. Mais aussi « Indéniablement, le malaise venait de la répétition. (…) Ces dernières semaines, l’attitude de Kimmy s’était modifié. Parfois, il ne s’agissait que d’un détail: une expression sur le visage de l’enfant, un mouvement de recul, un geste interrompu pour tenter d’esquiver la camera. Mais à d’autres moment, le malaise de la petite fille était flagrant. A plusieurs reprises, elle avait eu envie de la prendre dans ses bras. De l’extraire de l’image de la sortir de là. (…) Kimmy semblait chercher à disparaître. » (p. 220) L’hypothèse d’une « fugue » reste plausible, mais à six ans où irait-elle?

Un personnage symbolise aussi ce contre pouvoir et cette résistance à la stupidité mercantile du corps des enfants, c’est le Chevalier du Net. Le Chevalier dénonce cette maltraitance invisible, sourde, destructrice pour les enfants Youtubeurs. Que peuvent-ils dire ? Comment se défendre face à ses propres parents quand on a 4, 6 ou 10 ans ? Comment arrêter cet enfermement et ces pressions ? Car être Youtubeurs est si génial, « tous les enfants rêveraient d’être à leur place, cela les rend si heureux, ils vivent le rêve de leur vie » se plaît à dénier leur mère face aux critiques. Quelques associations existent aujourd’hui – « Stop VEO » Association Enfance sans violences – que l’auteure évoque à travers une affiche, citons aussi UNICEF, E.enfance avec un nouveau numéro 30 18 de signalement de cyberharcèlement.

Il existe des résistances, des mobilisations de parents et d’associations pour dénoncer ces pratiques, des enfants qui décident d’arrêter d’eux même (quand on leur laisse le choix). Il est intéressant de montrer l’exemple de la jeune Youtubeuse Jajoux, qui a décidé d’arrêter son activité l’an dernier alors qu’elle n’avait que 10 ans. Une vidéo captation de sa story expliquant son choix est toujours visible (ci-dessous). Prise de conscience, ras-le-bol de la répétition, d’être trop visible ? Jajoux a eu le choix d’arrêter et elle l’a fait. Plusieurs Youtubeurs dénoncent cette exploitation des enfants tels que Absol (« L’utilisation ses enfants sur Youtube », mai 2016) et Le roi des rats. Je signale en bibliographie aussi plusieurs reportages réalisés sur le sujet qui interpellent depuis plusieurs années. On peut signaler également le témoignage récent d’Anais sur Jeremstar (28 février 2021, 1.2 millions de vues), ex-candidate de télé-réalité harcelée depuis 7 ans par une fan qui menace de kidnapper sa fille. Elle a porté plainte, une seconde audience devrait avoir lieu en mai, mais jusqu’à présent la justice n’a pas condamnée cette fan.

La Youtubeuse Jajoux, 10 ans à l’époque, explique pourquoi elle arrête son activité au bout de 3 ans. C’est une tradition chez les Youtubeurs de faire une vidéo explicative à ses fans lorsqu’on arrête. A l’origine elle l’a fait dans une story sur Instagram dont est issue cette vidéo. Elle explique qu’elle n’a plus rien à dire, qu’elle n’a pas de passion à partager, donc que ce n’est pas la peine de continuer. <https://youtu.be/FsGzNVT7vE0>

La violence se trouve également en dehors de la famille, sur la toile, à l’école et même dans la rue. Les dérives pédophiles sont bien entendues les risques les plus élevés, avec de plus en plus d’affaires révélant des menaces de kidnapping contre des rançons élevées, menaces que l’auteure met en scène avec force réalisme dans sa fiction. C’est également pour ces raisons que la plupart des zones de commentaires sont supprimées sous les vidéos des enfants Youtubeurs. Les déferlements d’amour se mêlent aux déferlements de haine, de jalousies, d’insultes, d’humiliations, de menaces voire de harcèlement dans la virtuel comme dans l’IRL. Les parents ou personnes en charge de la modération sur leurs chaîne effacent ces commentaires afin que les enfants ne le voient pas. Ou bien ils décident de les bloquer, d’interdire les commentaires, ce qui réduit les interactions avec le public des fans, éléments pourtant recherché par les plateformes pour fidéliser et nous faire rester le plus longtemps possible dessus afin de nous vendre de la publicité. Nous verrons aussi que cette activité est un métier (voir encart plus bas), Youtubeurs.e ou influenceur.se, mais que très peu d’entre eux peuvent vraiment en vivre. Le mythe d’un accès rapide à la célébrité et à la richesse s’arrêterait bien vite si les jeunes avaient connaissance de cette réalité.

Qui est responsable ? Vers quoi allons nous ?

Pour Delphine de Vigan, dans une interview, « l’époque est coupable ». Internet peut être un outil formidable comme une sources d’aliénation violente et effrayante. Face à ce monde parallèle impitoyable de la célébrité basée sur du vide, elle encourage à penser et repenser différemment Internet : le roman est un forme de réflexion, elle encourage le débat d’idées, la pensée, car c’est de cette manière que nous trouverons de nouvelles voies pour limiter les dégâts, avoir des usages plus éthiques et moins boulimiques des images et surtout cessez l’exploitation du travail des enfants sur les plateformes qui est encore présenté comme un loisir, alors que c’est un réel travail qui génère des bénéfices conséquents pour la famille, pour les marques et pour les plateformes. Les vidéos doivent faire de 10 à 30 minutes, les plus longues sont les plus rentables pour les plateformes Youtube (Google) et Instagram (Facebook), car un maximum de produits y sont montrés (1 à 2 par minutes) et un maximum de publicités y sont diffusées.

A la fin du roman en 2031, dont je ne dévoilerais pas ici tous les ressorts, Mélanie la mère toute puissante parfaite se retrouve toute seule, mais loin de ses enfants qui ne veulent plus la voir. Elle vit dans une grande maison luxueuse à Sanary, avec des caméras dans chaque pièces, un Loft à elle, pour être filmée 24h/24, et diffusée dans un live stream où ses fans peuvent interagir en direct avec elle. Mélanie fait penser évidemment à une version féminine de Dorian Gray d’Oscar Wilde. Ce personnage qui a fait un pacte avec le diable afin de rester jeune et beau toute sa vie. On ressent le même malaise et on voit un même système complètement décadent décrit dans le roman, que l’auteure projette à dans dix ans, là où Internet et les technologies seront encore plus poussées, encore plus intrusives, et encore plus invisibles, avec des usages banalisés telle que la surveillance de masse, de fait loin d’être éthiques et bon pour tout le monde, à l’opposé du mythe fondateur d’Internet, celui d’une expression libre et celui des possibilités créatrices.

J’espère à travers cet article et les éléments d’informations qui suivent, avoir encouragé le public à lire le roman de Delphine de Vigan, à en avoir montré en tout cas les différents niveaux de lecture, et à regarder désormais autrement ces vidéos d’enfants sur Youtube et sur les autres plateformes. Le 12 juin 2021 ce sera la journée international contre le travail des enfants. Il faut espérer que la loi votée en France fera des petits dans le monde afin de protéger un peu plus dès maintenant et pour les décennies à venir les enfants de ce genre d’exploitation commerciale, sous couvert de sourires, de bien être et de paillettes.

Antonin Laval alias Vash_Yeah, Baka47, peinture, mars 202 https://vvashyeahh.wixsite.com/mon666site/portfolio

Car il en va non seulement de la santé mentale et physique de ces mini-influenceurs, de leur droit à l’image dans le temps, et de leur avenir une fois adultes, mais aussi de la santé mentale et physique de millions d’enfants et de familles qui regardent ces vidéos (16h en moyenne par semaine) : la sédentarité s’étant accentuée avec la pandémie, il n’est pas normal de leur faire croire que le « paradis, c’est passer 24H enfermés dans une salle à balles en mangeant des hamburgers », que la normalité est la surconsommation de jouets made in China, la junk food et l’absence de vie privée. Il en va aussi de l’écologie pour la planète à long terme : production de plastiques de masse, production agricole intensive de viande, enrichissement croissant des Gafam (+ 30 % en moyenne en 2021), absence de sensibilisation aux aliments cancérigènes et addictifs, tout comme l’est d’ailleurs la surconsommation de ces mêmes réseaux sociaux. Même si les parents et les enfants peuvent acquérir des techniques de communication (montage vidéo, animation, web design), celles-ci ne sont pas utilisées pour les bonnes causes, mais pour l’amas de gains, la diffusion massive d’images pauvres et l’accroissement des inégalité par le gavage de l’ultracapitalisme.

Autres romans relatifs au sujet :

Olivier Bourdeaut, Florida, Finitude, 2021, sur les « baby miss » aux USA

Éliette Abécassis, Instagrammable, Grasset, 2021, sur la dépendance et la violence induites par les réseaux sociaux <https://www.grasset.fr/livres/instagrammable-9782246824794>

Aurélien Bellanger, Téléréalité, Gallimard, mars 2021 <http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Telerealite>

Bibliographie :

Annie Le Brun, Ceci tuera cela. Image, regard et capital, Stock, 2021 https://www.editions-stock.fr/livres/essais-documents/ceci-tuera-cela-9782234088115 On ne compte plus les critiques de l’ère numérique. Mais elles ont en commun de ne pas voir la nouveauté d’un monde où, pour la première fois, le capital et la technologie se confondent absolument, obéissant à la même croissance exponentielle, avec la même visée de tout réduire à un objet de calcul.

Association Enfance sans violences »STOP VEO », depuis 2018 : appel gratuit au 119 et par SMS au 114 http://stopveo.org/

Canal + : « Youtube le phénomène des enfants stars », Le Tube, magazine média, 25 novembre 2017, 7:51 min (1,8 million de vues) <https://youtu.be/-bb2Ze8W-mc>

Delphine de Vigan, Interview « Les enfants sont rois », Librairie Mollat, 31 mars 20211, 55 min https://youtu.be/p8sCrkIK-4w

France 2 : Envoyé spécial, « Enfants sous influence », 31 mai 2018

Les « enfants-influenceurs » et les réseaux sociaux : L’évolution de l’exploitation des enfants à l’ère numérique, Humanium, 13 février 2021 https://www.humanium.org/fr/les-enfants-influenceurs-et-les-reseaux-sociaux-levolution-de-lexploitation-des-enfants-a-lere-du-numerique/

Loi du 19 octobre 2020 visant à encadrer l’exploitation commerciale de l’image d’enfants de moins de seize ans sur les plateformes en ligne, Vie publique et Legifrance https://www.vie-publique.fr/loi/273385-loi-19-octobre-2020-travail-enfants-youtubeurs-influenceurs-sur-internet

Observatoire de la Parentalité & de l’Éducation Numérique (OPEN) est une association à but non lucratif qui a pour vocation d’accompagner et responsabiliser la communauté éducative dans son appréhension des outils numériques. https://www.open-asso.org/

RTBF : émission Tarmac, « Les enfants influenceurs sont-il exploités ? « , 6 juillet 2020

We report, « Enfants Youtubeurs: derrière le fun, le fric. La loi peut-elle protéger les enfants Youtubeurs ? », Le super média, juillet 2020 https://lesupermedia.fr/2020/08/25/enfants-youtubeurs-derriere-le-fun-le-fric/

Le créateur de Studio Bubble Tea indique sur son Instagram avoir lu le roman de Delphine de Vigan,le trouver très intéressant et instructif. Sur un ton un peu ironique, il précise que bien entendu ses filles ne vont pas avoir le même sort en 2030, même la plus grande aurait commencé à le lire, car cela l’aiderait à prendre du recul sur cette activité. On aimerait tellement y croire.

Youtube, Dopamine d’Arte, analyse les ressorts pour nous faire rester le plus longtemps possible sur la plateforme et nous rendre addict.

Le monde de l’influence

Depuis son existence, la publicité véhicule un modèle de société où le bonheur et la réussite sociale passent par l’achat de biens et de services.Elle véhicule une image du bonheur passant par l’acquisition. L’imaginaire publicitaire vient rappeler que tout peut s’acheter. Pour être heureux, il faudrait posséder et consommer davantage. (rapport Publicité et transition écologique, 2020)

Un influenceur ou une influenceuse est une personne qui exerce une certaine influence sur un groupe d’individus, c’est une personne qui évolue dans le domaine de la notoriété. Cette influence s’exerce principalement sur les réseaux sociaux comme : Instagram, YouTube, Twitter ou encore Snapchat… 
Ce type d’acteur du web est né à la suite du boom des blogs et des réseaux sociaux enregistré dans les années 2010. C’est en créant du contenu (post, vidéo…) que l’influenceur génère des milliers voir des millions de followers.

L’influenceur à un fort pouvoir de persuasion au sein de sa communauté, il est capable d’offrir plus de visibilité à un produit ou même à une marque. En marketing digital, les campagnes peuvent se réaliser sous forme de vidéo, photo ou même de manière textuelle, elles permettent de propulser les opportunités de vente. Le plus souvent les marques exigent des actions autour de nombreux leviers notamment le lancement d’un produit ou service, la notoriété ou encore l’augmentation des ventes.

Sur Instagram les « micro » influenceurs ont entre 1 000 et 10 000 abonnés et peuvent rapporter entre 50 et 100 euros en moyenne par post. Les influenceurs à environ 100 000 followers recevront eux autour de 200 dollars par publication sponsorisée. En moyenne, un influenceur facture un placement de produit entre 200 € et 500 €. Tout dépend bien sûr de la marque, de la cible d’abonnés et de leur nombre. Parfois les marques peuvent proposer des produits gratuits, des voyages, etc.

Le pouvoir des influenceurs est de modifier les comportements d’achat des internautes, que ce soit par la tenue de compte réseaux sociaux (Instagram, YouTube, Twitter…) ou d’un blog. Cette capacité de fédérer autour de sa personne, lui offre la possibilité de recommander de nouvelles tendances à sa communauté et donc un produit ou un service. C’est la régularité de son activité qui lui permet d’influencer le comportement de consommation des internautes qui le suivent. Ils parviennent à construire une relation amicale virtuelle, en donnant l’illusion d’être un proche/ ami de leurs abonnés.

Une grande partie des influenceurs, environ 38 %, ne perçoit aucun revenu de cette activité. Ils sont seulement 30% à toucher plus de 1000 euros par an. 15% des influenceurs sont à temps plein. La majorité des influenceurs ont une activité à côté, environ 35% sont salariés et 22% sont indépendants. Une vigilance permanente : Ils sont observés en permanence, et le moindre propos polémique sera rapidement relayé, et peut conduire à un malaise entre influenceur et abonné (ce que l’on peut appeler un « bad buzz »), jusqu’à parfois ruiner leur carrière dans les cas les plus graves.

Youtube et Instagram : chiffres d’affaire issu de la publicité

L’attachement émotionnel aux influenceurs YouTubeurs est 7 fois plus important qu’avec les autres réseaux sociaux
  • YouTube compte 2,3 milliards d’utilisateurs dans le monde. Le nombre d’utilisateurs YouTube mensuels en France est de 46 millions. Chaque jour, nous regardons un milliard d’heures de vidéos sur YouTube
  • Le chiffre d’affaires publicitaire de YouTube a atteint près de 20 milliards de dollars en 2020, soit une croissance annuelle d’environ 30 % malgré ou grâce au effets de la pandémie. 90% des utilisateurs disent découvrir de nouvelles marques ou de nouveaux produits sur YouTube. Environ 8 marketeurs sur 10 (soit 85 %) considèrent YouTube comme étant la plateforme de vidéo marketing la plus efficace.

Testing de produit: Youtube a été l’une des premières plateformes à favoriser le contact entre marque et youtubeurs, pour que ces derniers testent en vidéo les produits (1ere demande du public). En plusieurs années, certains ont réussi à construire une sorte d’ “empire” autour de leur chaîne, récoltant plusieurs millions d’abonnés. Il y a une véritable professionnalisation du métier, passant de simples vidéos filmées dans sa chambre avec peu de moyen, à aujourd’hui des tournages en collaboration avec des marques, des équipes de productions et des vidéos beaucoup plus complexes qu’auparavant.

Partenariats plus avantageux : Un youtubeur peut monétiser sa vidéo en acceptant qu’une publicité soit diffusée avant ou pendant sa vidéo, le revenu d’une vidéo est calculé via le nombre de vues de celle-ci, mais n’est pas aussi avantageux qu’un partenariat. Il est important de rappeler que ces collaborations avec les marques doivent être mentionnées dans le contenu, afin d’avertir les internautes sur la promotion du produit, qu’il n’est pas mis en avant naturellement et sans contrepartie par l’influenceur. S’il manque à ce devoir il s’agira de publicité déguisée, ce qui est interdit par la loi.

Plus d’interactions sur Instagram : la majorité des youtubeurs existent sur instagram pour maintenir un lien fort au sein de leur communauté et rester sur le devant de la scène grâce à la diffusion quotidienne de stories. Les stories permettent de donner de faire de la promotion de leurs produits dérivés, de leur actualité, de faire des lives, de lancer des concours et des quiz, d’annoncer les dernières vidéos postées…

YouTube a généré près de 20 milliards de dollars en 2020
soit une croissance annuelle d’environ 30%

La Loi du 19 octobre 2020 : une première mondiale

Début 2017, quand ces chaînes « familiales » – ainsi qu’elles se désignent – ont commencé à cartonner, Thomas Rohmer, le président de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (Open), s’en est rapidement inquiété : « Ca devenait un modèle et il y a un vrai sujet, complexe, de protection de l’enfance : je n’ai rien contre les influenceurs mais les enfants restent des personnes vulnérables. Et à partir du moment où l’aspect mercantile entre en jeu, on n’est plus dans le loisir, cela devient un travail. » En saisissant la justice en 2018, l’Open a voulu « faire passer un message fort : non pas interdire mais protéger », explique Thomas Rohmer.

L’activité des enfants de moins de 16 ans dont l’image est diffusée sur les plateformes de vidéos en ligne est dorénavant réglementée. Il s’agit de répondre au phénomène croissant des enfants « youtubeurs », qu’ils exercent leurs activités dans le cadre d’une relation de travail ou en dehors.

Les enfants « influenceurs » dont l’activité est considérée comme un travail bénéficient désormais des règles protectrices du code du travail, tout comme les enfants mannequins, du spectacle et de la publicité. Avant de faire tourner leurs enfants ou de diffuser leurs vidéos, les parents doivent demander une autorisation individuelle ou un agrément auprès de l’administration. Ils sont informés des droits de l’enfant et sensibilisés sur les conséquences de l’exposition de l’image des enfants sur internet.

Pour les « zones grises d’internet », lorsque l’activité des enfants « influenceurs » ne relève pas d’une relation de travail, une protection est également prévue. Une déclaration doit être faite, au-delà de certains seuils de durée ou de nombre de vidéos ou de revenus tirés de leur diffusion. Les parents sont également sensibilisés et doivent consigner une part des revenus de leur enfant influenceur à la Caisse des dépôts et consignations.

En l’absence d’autorisation, d’agrément ou de déclaration, l’administration peut saisir le juge des référés.

Par ailleurs, les plateformes de partage de vidéos sont incitées à adopter des chartes notamment pour favoriser l’information des mineurs sur les conséquences de la diffusion de leur image sur leur vie privée ainsi que sur les risques psychologiques et juridiques, en lien avec les associations de protection de l’enfance. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est chargé de promouvoir la signature de ces chartes.

Le droit à l’effacement ou à l’oubli, prévu par la loi Informatique et libertés du 6 janvier 1978. Sur demande directe des enfants, même mineurs, les plateformes de vidéos doivent retirer leurs vidéos. Le consentement des parents n’est pas exigé. Si l’existence légale de cette possibilité est évidemment une avancée, sa mise en pratique semble délicate concernant des mineurs dépendant matériellement et affectivement de leurs parents. De plus si ces images ou vidéos ont été copiées, elles peuvent encore circuler sur Internet.

Toutes ces mesures sont applicables dans les six mois de la publication de la loi, en avril 2021

Vous avez des questions des remarques, n’hésitez pas à me contacter ici, merci à bientôt !

Enquête sur les Pratiques numériques des étudiants pendant le confinement du 17 mars au 11 mai 2020

Résultats de l’enquête sur les pratiques numériques des étudiants de L1 à l’UCO de Nantes en InfoCom, Maths et Histoire. 

60 étudiants ont répondu au questionnaire sur leurs pratiques numériques en général et pendant la période exceptionnelle du confinement débutée le 17 mars, entre le 2 avril et le 16 avril 2020

60 étudiants de 18 à 20 ans, de Licence 1 en Information communication, Informatique et Maths,  ont répondu à un questionnaire de fin d’année en deux parties. La 1ere partie porte sur leur addiction estimée aux réseaux sociaux et au smartphone. 

La 2e partie traite de leurs pratiques numériques pendant le confinement exceptionnel que nous avons vécu en France, suite à la fermeture des établissements scolaires et des universités du 17 au 11 mai 2020.

Le questionnaire leur a été proposé lors de la 3e et 4e semaine de confinement (du 20e au 30e jour, soit au milieu de la période de confinement), ils avaient donc déjà un peu de recul sur ce nouveau “mode de vie” contraint et sur les nouvelles modalités de travail étudiant à distance avec l’université. Voici les résultats:

Résultats de l’enquête :

Enquête étudiants pendant le confinement, UCO Nantes, Laure Boyer, juin 2020

88% sont rentrés chez leurs parents

Selon notre enquête, 88% des étudiants sont rentrés chez leur parents à l’annonce du confinement, effectif au 17 mars 2020. Ce retour “à la maison”, pour des raison évidente d’espace de vie et de coût (ne pas rester confiné dans un studio ou une chambre de 9m2 qu’il faut payer à vide), d’isolement et de sécurité, sont reportés dans de nombreux articles de presse et reportages dans les médias à la mi-mars (voir l’article dans Le Monde). 

Seuls 7% sont restés dans un logement à 2 (en couple ou avec un.e ami.e), 3,5% en collocation, et 1 seul.e étudiant.e dit être restée seul.e dans son studio. Les jeunes trop éloignés de leurs parents, vivants parfois à l’étranger, ou dans les DOM-TOM, n’ont pas pu rejoindre leur famille. 

45% vivent en ville et 37% sont à la campagne

Quasiment la moitié des étudiants sont repartis vivre en ville, tandis que l’autre moitié est parti en confinement à la campagne pour 37% et en zone péri-urbaine (proche de la nature) pour 17 %

On comprend aussi aisément le choix de retourner vivre chez ses parents pendant cette période de confinement, dans des espaces plus vaste, en milieu soit urbain soit rural.

Enquête étudiants pendant le confinement, UCO Nantes, Laure Boyer, juin 2020

Face à la situation sanitaire, ils sont d’abord inquiets pour leurs études et leurs examens, puis pour leurs proches

Aux 3e et 4e semaines de confinement, les étudiants sont d’abord inquiets pour leurs études et pour les examens pour plus de la moitié d’entre eux, à 55%. A cette date, les dates d’examens et leurs modalités de passage n’étaient pas encore tous très clairs. On comprend donc qu’ils soient d’abord mobilisés sur leurs études, le suivi et la préparation de leurs examens, en vue de valider leur année.  

Selon l’étude de Rennes II proche de ces résultats, l’absence de visibilité sur leurs examens amplifie leurs inquiétudes: “Au-delà de l’anxiété liée à l’épidémie (peur pour soi et pour ses proches), la vie se trouve bouleversée et certain·e·s étudiant·e·s se disent débordé·e·s, perdu·e·s et inquiet·e·s. Et l’absence de visibilité sur les conditions de déroulement des examens a un effet amplificateur.”

Ils sont ensuite inquiets pour leurs proches à 50% et en questionnement par rapport aux actions du gouvernement pour 1/3. A cette date, l’action du gouvernement était aussi beaucoup plus floue, que ce soit dans la stratégie adoptée, que dans les informations reçues concernant les stocks de masques, les préconisations à leur sujet, les possibilités réelles de test. 

Il est intéressant de noter qu’ils ne sont pas du tout inquiets pour eux-même ni pour leur santé (2%). Étant jeunes, ils savent que ce sont surtout les personnes âgées qui sont touchées mortellement par le virus. Ce constat est le même dans l’enquête de l’université de Rennes II “Plus de la moitié des étudiant·e·s (58%) disent se sentir bien ou plutôt bien à l’issue de 10 jours de confinement”. 

La situation en France et dans le monde, leurs études l’an prochain et leurs stages les préoccupent pour 1/4 des étudiants

Les étudiants sont ensuite inquiets quant à la situation en France et dans le monde (34%). A cette période, le virus atteignait son pic en France et se répandait encore plus en Europe et dans le monde. Ce qui devenait très anxiogène. 

Puis ils se montrent inquiets par rapport à leur étude l’an prochain et par rapport à leur stage (30%). Ceux-ci vont-ils être maintenus? Ou reporté mais à quand? Dans le cas contraire, comment ce module va -t-il être validé? On comprend donc qu’ils se posent des questions sur la validation de leur année et la possibilité de passer en L2. Que va-t’il se passer si l’année est remise en cause et leur fait perdre une année d’étude? Avec les coûts et les frais que cela engendre. Avec l’investissement intellectuel et les efforts d’apprentissage de savoir que cela représente. 

Enquête étudiants pendant le confinement, UCO Nantes, Laure Boyer, juin 2020
Enquête étudiants pendant le confinement, UCO Nantes, Laure Boyer, juin 2020

Activités qui les ont aidé à tenir pendant les 3 semaines:

En premier viennent: le sport, les échanges avec les amis et la famille, le rangement. Puis regarder des films, le jardinage, bricolage et la lecture. Certains évoquent une “prise de conscience du moment présent”, les répercussions positives sur la nature qui a pu reprendre ses droits et même la pratique de la méditation. Par contre, le soutien des enseignements ou les informations dans les médias n’ont pas joué qu’un rôle minime.

Les interactions avec les amis et la famille pendant le confinement par SMS et sur les réseaux sociaux

Concernant les interactions sociales pendant le confinement, les SMS et les réseaux sociaux ont été largement sollicités pour rester en contact avec les amis et la famille, tous les jours à 84%. Contrairement au téléphone qui a été utilisé moitié moins au quotidien.

On voit ici les usages du numériques ont été beaucoup plus utilisés et sont plus pratiques pour communiquer à tous moments avec ses proches, de manière interactive et plus libre qu’avec le téléphone.

Tableau des réponses au formulaire Forms. Titre de la question : 12. Par SMS et sur les réseaux sociaux, à quelle fréquence utilisez vous ces outils pour échanger avec vos proches? . Nombre de réponses : 56 réponses.
Enquête étudiants pendant le confinement, UCO Nantes, Laure Boyer, juin 2020

Un usage des réseaux sociaux décuplé pendant le confinement 

L’usage des réseaux sociaux a été décuplé pendant le confinement, pour 88% des étudiants. Même si ¼ d’entre eux considère qu’ils ont su modérer tout de même le temps passé sur les écrans et leur addiction aux réseaux.  

Tableau des réponses au formulaire Forms. Titre de la question : 14. Pensez-vous passer plus de temps sur les écrans, Internet et les réseaux sociaux qu'avant ? . Nombre de réponses : 56 réponses.
Enquête étudiants pendant le confinement, UCO Nantes, Laure Boyer, juin 2020

Les plateformes utilisées restent sensiblement les même qu’avant le confinement: Instagram 82%, Snapchat 73%, Messenger 60%, suivis de Youtube 40%, Twitter et Whatsapp 35%

Les plateformes préférées des étudiants étant Instagram, Snapchat et Youtube. Twitter apparaît en 4e place avec 38%. Tik Tok apparaît en favoris pour seulement 18%, au même niveau que Facebook.

On voit que pour leurs interactions pendant le confinement, les jeunes ont beaucoup plus utilisé les plateformes qu’ils utilisaient avant : Instagram et Snapchat. Instagram est apprécié pour la créativité, les informations, suivre des stars et pour les belles photos. Snapchat est utilisé pour communiquer avec leurs amis, pour les filtres et pour l’humour. Twitter est apprécié pour suivre l’actualité, faire de la veille et suivre des personnalités. 

84% des étudiants se disent accros aux réseaux sociaux 

dont la moitié affirment tout de même garder un esprit critique et un certain recul sur cette addiction, et ⅓ trouvent cela génial de pouvoir découvrir de nouvelles choses à travers des réseaux et se faire éventuellement de nouveaux contacts.

Enquête étudiants pendant le confinement, UCO Nantes, Laure Boyer, juin 2020

80% des étudiants ont rencontré un certains nombre de difficultés qui les ont freinés et perturbés dans leur travail. 

Les principales difficultés rencontrées sont: 

Enquête étudiants pendant le confinement, UCO Nantes, Laure Boyer, juin 2020

Problème de connexion à internet: trop de monde connecté en même temps sur la même box, mauvaise connexion, interruption de connexion pendant les cours en visioconférences.

Problème de concentration: lieu de travail inhabituel, difficulté à être visioconférence plusieurs heures par jour, fatigue et stress, manque de calme, difficulté à tout gérer en même temps (on n’a pas plus de temps parce que l’on est chez soi); anxiété, stress dû au Covid-19 (cf. Article The Conversation sur le stress d’une pandémie) et à ses conséquences pour eux (études, stage, examens), pour leurs proches et pour les autres en général.

Problème de suivi pédagogique: certains enseignants ont bien suivi la continuité pédagogique pour les étudiants, d’autres ont soit été absents, soit ils n’ont pas donné de consignes et de dates claires. Les informations ont été données souvent au lance pierre, au dernier moment, sans être très précis parfois, ce qui ajoutait à la confusion générale. Les étudiants ont souvent dû se débrouiller entre eux, par sms, email et groupe de chat pour clarifier les choses, s’encourager, se soutenir, échanger des documents, les dates de rendus et les travaux de groupe. 

Problème de volume de travail:  Certains enseignants ont donné chacun un trop grand nombre de cours à faire avec des dossiers à distance à faire (pour palier au cours en présentiel), mais dans des délais souvent beaucoup trop court (1 semaine). Il y eu beaucoup de confusion dans le planning des cours à suivre et des dossiers à rendre, ils auraient tous aimé avoir un planning clair des cours et des examens par UE. 

Les étudiants ont aussi été confronté à trop grand nombre de dossiers de groupe à faire, dont leur réalisation et leurs rendus étaient beaucoup plus difficile à faire avec la distance, pour que chacun se coordonne dans les temps, cela n’était pas si évident.

Les étudiants de L1 1er année découvrent le travail universitaire et doivent déjà, en temps normal, assimiler un grand nombre de nouveaux éléments et méthodologies propre à l’Université. A cette nouveauté, s’ajoutait ici le travail à distance en télétravail, ce à quoi il n’ont jamais été formés. 

Problème de communication avec les enseignants et de partage des documents: certains étudiants ont évoqués les consignes floues, démultiplications des supports d’information (email, Sharepoint, Teams, Chamilo, …) qui ont fait perdre du temps, des cours parfois loupés parce que l’information n’a pas été bien donnée. Il conviendrait à l’avenir de leur faciliter la tâche et de rassembler sur une seule plateforme l’ensemble des cours, le dépôt de leurs travaux, le calendrier et les tutoriels. 

20% restant n’ont pas eu de difficultés particulières et ont su vite s’organiser

Tandis que d’autres n’ont pas eu de difficultés particulières pour 20% d’entre eux. Après la mise en route un peu difficile au début, certains ont vite su s’organiser, prendre un nouveau rythme et se concentrer sur les examens. 

Outils numériques utilisés pendant le confinement par les étudiants de l’UCO Nantes

Enquête étudiants pendant le confinement, UCO Nantes, Laure Boyer, juin 2020

Des informations sur ces outils: satisfaisantes? 

Les explications et tutoriels disponible pour Teams et les autres outils utiles au étudiants ont été pour la moitié d’entre eux jugés suffisants. Soit ils ont eu l’information, soit ils savaient déjà plus ou moins les utiliser, soit ils se sont formés eux-même en regardant des tutoriels et entre pairs. Cependant, l’autre moitié soit 50% des étudiants n’ont pas reçu ces explications, voire aucune formation et ont perdu beaucoup de temps à comprendre comment les utiliser. Il est notable d’ailleurs que seulement 60% ont utilisés la plateforme de cours de l’UCO Chamilo. 

Certains cependant déplorent avoir été livrés à eux-même, n’avoir eu “aucune explications” et ne pas avoir été assez accompagnés dans la maîtrise des outils numériques. Ils auraient aimé avoir une formation personnalisée en directe:

“Même si au début d’année on a eu une « formation », témoigne un étudiant, je me sens toujours perdu avec ses outils et j’aurais préféré avoir une formation (personnelle ?) en direct sur l’utilisation de Teams et de toutes ses applications, Word pour les dossiers à faire”.

Un étudiant demande enfin qu’ils soient prévenus “à l’avance par mail quand quelque chose est mis sur SharePoint ou Teams, car on ne le voit pas toujours”.

Ces exemples montrent que la diversité des supports utilisés et sans doute aussi le manque de préparation de certains enseignants eux-mêmes à l’utilisation des différents outils numériques, ont été source d’angoisses, de stress, d’incompréhensions, de retards, signalés également dans les réunions de bilan de fin d’année, sur les forums et dans la presse. Une bonne moitié des étudiants ont tout de même été satisfaits des outils numériques et des formations quant à leur utilisation. Il apparaît évident que celles-ci seront renforcées à la rentrée prochaine 2020-2021, notamment pour les primo arrivants à l’université.

Illustration pour Le Monde du 01/07/2020 sur les protocoles sanitaires à l’Université

En effet, comme le préconise David Alis, président de l’Université Rennes 1, la rentrée sera « hybride » en septembre: elle mêlera enseignement en présentiel et en distanciel. Et pour ce nouveau dispositif, étudiants et enseignants doivent être prêts et équipés des outils et supports numériques adaptés. Pour Gilles Roussel, président de la Conférence de présidents d’université, l’Etat doit investir pour financer les nouveaux outils numériques dont les établissements auront de plus en plus besoin à l’avenir. Car les Universités se trouvent dans la majorité des cas dans des situations complexes d’augmentation d’effectifs depuis 10 ans et de baisse de budget qui les rend exsangues. Face à cette nouvelle crise, tous les étudiants ne sont pas équipés pour pouvoir suivre les cours à distance. Prêts d’ordinateurs, formations aux outils et suivis pédagogiques c’est bien ce qui est prévu à l’UCO de Nantes pour les Licences 1 dans le cours de Culture numérique en présentiel et en distanciel et de MTU – Méthodologie du travail universitaire. Quant au protocole sanitaire, il sera fixé à la rentrée.

Retrouvez l’ensemble de l’infographie sur Piktochart ou cliquez sur l’image : https://create.piktochart.com/output/46524186-infographie-confinement-etudiants

Enquête étudiants pendant le confinement, UCO Nantes, Laure Boyer, juin 2020

Bibliographie-Sitographie : 

– Enquête “Moi jeune” : “Confinés et demain?”, du journal 20 Minutes, en partenariat avec Opinion way, du 3 au xx avril 2020 

– Enquête JobTeaser, “Étudiants et jeunes diplômés inquiets”, Sud Ouest, 05.05.2020. URL:https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/confinement/enquete-etudiants-et-jeunes-diplomes-sont-inquiets-5caba682-8dff-11ea-b939-7f38976ea60e 

– Université de Rennes 2, “Confinement: Enquête sur les conditions de vie et d’étude”, 3 avril 2020,près de 3500 étudiants ont participé. 

Voir les résultats sur le site de l’Université Rennes 2 : https://www.univ-rennes2.fr/article/confinement-enquete-sur-conditions-vie-detudes 

+ un article paru dans Ouest France le 06 avril 2020 :https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/confinement-rennes-2-10-des-etudiants-disent-se-sentir-mal-voire-tres-mal-6801355 

+ Reportage de France 3 Bretagne réalisé à Rennes 2 en avril 2020 : https://www.youtube.com/watch?v=WjR2nfqKnD0 

– Université Rennes 1, interview de son président David Alis: “Rennes 1 prépare une rentrée “hybride” en septembre”, Ouest France, 09/06/2020 https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/universites-rennes-1-prepare-une-rentree-hybride-en-septembre-6863264  

– Le Mans Université, “Enquête: recensement des difficultés de nos étudiants”, 07 avril 2020 : http://www.univ-lemans.fr/fr/actualites/agenda2020/fevrier2020/coronavirus/enquete-etudiants-quelles-sont-vos-difficultes.html 

 – Public Sénat: “Etudiants: quelles aides en période de confinement?”, vidéo Youtube URL: https://www.youtube.com/watch?v=I5ShSt6wFkM 

– Retour des étudiants chez leur parents à l’annonce du confinement, paru le 17/03/2020, Le Monde, URL : https://www.lemonde.fr/campus/article/2020/03/17/rester-dans-son-studio-ou-rejoindre-ses-parents-le-dilemme-des-etudiants-en-temps-de-confinement_6033363_4401467.html 

Stages: Coline de Silans, “Stages interrompus ou annulés: la galère des étudiants pendant le confinement”, 20 mars 2020, Welcome to the jungle, URL: https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/stage-annules-etudiants-confinement 

– Bloggeurs:

JuriXio

Je te motive sur Instagram : https://www.instagram.com/jurixio_/ Tu veux réussir tes études de droit en restant chez toi ? Viens par ici : https://jurixio.podia.com Mes autres réseaux sociaux : 👉Twitter : https://twitter.com/jurixio 👉Facebook : https://www.facebook.com/Jurixio

Bri2n : “9 étudiants parlent du confinement et de l’après virus”, vidéo du 24 avril 2020 https://www.youtube.com/watch?v=fSjn-KfgcGk 

Vous pouvez noter cet article ici:

Note : 1 sur 5.

Cours en culture numérique et informatique – 2021-2022 -Universités

Dans le contexte de la crise sanitaire mondiale du Covid-19, l’enseignement d’une culture numérique solide s’est révélée plus que nécessaire.

Après les balbutiements du début réalisés dans l’urgence, la mise en place des enseignements hybrides s’est peu à peu adapté à chaque établissement et situation. Les filières universitaires qui ne disposaient pas encore d’enseignement en Culture numérique, se sont bien rendus compte des multiples problèmes que cela engendrait pour les cours en distanciels et hybrides, combien les étudiants avaient un besoin énorme d’accompagnement pour la compréhension, l’utilisation et la maîtrise des outils, mais aussi de leur sens. Il faut désormais que la culture numérique soit enseigné à toutes les filières afin d’assurer non seulement un bon fonctionnement des cours toute l’année, mais de leur transmettre une culture de base essentielle tout au long de leur cursus.

Photo de Buro Millennial sur Pexels.com
Photo de Keira Burton sur Pexels.com

Avec la crise sanitaire du Covid-19, l’enseignement à distance et la maitrise des outils numériques sont devenus en quelques jours des enjeux majeurs pour l’enseignement supérieur. C’est pourquoi, il est urgent de proposer aux élèves à la fois des formations sur ces nouveaux outils numériques et des contenus adaptés à l’enseignement à distance, combinés à un enseignement en présentiel. Les retours d’expérience de la mise en route de la continuité pédagogique à distance, ont montré des réussites et de nombreuses failles de notre système et les nombreux problèmes auxquels sont confrontés les étudiants et les enseignants Il me semble important de former les jeunes à ces nouveaux usages, ainsi qu’à ces futurs métiers. 


Enseignante chercheur indépendante en culture numérique, étude des médias, je forme des jeunes depuis 5 ans. Chargée d’enseignement pendant deux ans en Culture numérique et à la Certification PIX à l’Université Catholique de l’Ouest (UCO) de Nantes,  j’ai eu en charge plus de 300 étudiants de L1 et L3 des filière Science de l’Information et de la Communication, Maths-Informatique, LEA et Histoire.

Acquérir et développer sa culture numérique fait désormais parti de tout bagage étudiant afin de les former au mon professionnel et aux futurs postes et activités qu’ils pourront à leur tour développer. Cet enseignement se base à la fois sur des connaissances pratiques en informatique tout en formant l’esprit critique de l’étudiant. Il acquiert des connaissances de base sur l’écosystème numérique dans lequel nous vivons et que nous utilisons au quotidien, sur les leviers psychologiques et sociologiques en jeux, sur l’économie des plateformes et les grandes thématiques qui jalonnent l’actualité. Il apprend également à chercher efficacement l’information, à la traiter et à la rediffuser.


En raison des restrictions dues au Covid-19, je propose un enseignement sur l’année scolaire 2020-2021 de 1h30 à 2H/semaine par groupe, comprenant deux modules principaux et les composantes suivantes, en présentiel et en distanciel, dans le département du 64 et dans les départements limitrophes:

1) Enseignement de Culture numérique:

  1. Les grands courants et les personnalités des humanités numériques et des sciences de la communication
  2. Histoire d’Internet et de l’informatique et Les grands enjeux du numérique aujourd’hui
  3. Les GAFAM: définition, économie oligopolistique, enjeux, avenir
  4. Les données personnelles: enjeux, avenir
  5. Les réseaux sociaux: économie, rôle des communautés virtuelles, ressorts socio-psychologiques utilisés, rôle dans la presse et en politique, Web marketing
  6. Les jeunes sur Internet : les pratiques, les aspects positifs et négatifs, enjeux à venir
  7. L’Intelligence artificielle au service de la société ? Panorama des multiples aspects de l’IA dans notre quotidien, à adapter selon la filière
  8. La surveillance de masse et la reconnaissance faciale: impact et enjeux à venir
  9. Le journalisme mobile et les nouveaux médias : Brut, Konbini, Loopsider
  10. Le Web marketing : économie et évolution, enjeux actuels et à venir
  11. L’écologie et le numérique : comment être plus responsable et utiliser les
  12. La veille documentaire numérique : apprentissage et maîtrise de la méthodologie de la veille, savoir faire une recherche documentaire efficace, outil Twitter et outils de veille
  13. Méthodologie de la synthèse et de l’écriture Web
  14. Les métiers du numérique
  15. Développer ses Soft skills : travail de groupe, gestion et pédagogie par projet, développer sa créativité

2) Enseignement d’Informatique et outils numériques:

  1. Histoire de l’informatique et fonctionnement d’Internet
  2. L’environnement informatique: connaitre et maitriser son ordinateur, son smartphone
  3. Sécurité informatique : savoir se protéger, protéger les autres;
  4. Outils de communication en groupe à distance: visioconférences, cours virtuels, outils partagés, documents partagés
  5. Savoir gérer des problèmes et aider des personnes en difficultés
  6. Prise en main d’un CMS et réalisation d’un site web simple
  7. Outils de communication graphiques: infographies, posters, slides, dashboard, CV en ligne, cartes de géolocalisation, rapports, flyers…
  8. Outils de l’enquête sociologique, statistique…
  9. PIX : étude des 6 composantes de la certification PIX en vue de son obtention

Photo de Julia M Cameron sur Pexels.com

____________________________________

Ateliers spécifiques pour lycées et Universités:

  • Réseaux sociaux : Ressorts psychologiques pour nous rendre addicts, la detox digitale
  • Les jeux vidéos: addiction et compétences numériques
  • Les hackers et les lanceurs d’alerte: rôles, histoire, évolution
  • Compétences numériques de base de l’élève et de l’étudiant
  • Comment gérer un enseignement hybride: en présentiel et à distance? La posture pédagogique, la pédagogie par le numérique.

Pour toute information, veuillez me contacter ci-dessous et par email.

Photo de fauxels sur Pexels.com

Enquête sur les pratiques numériques des étudiants de 18 – 25 ans

Dans notre enquête, il s’agit de connaître leur niveau de culture numérique, à la fois sous forme d’une auto évaluation, de questions sur leurs pratiques numériques et sur leurs connaissances de base. Il n’y a donc pas vraiment de questions pièges, l’intérêt est de voir comment ils s’auto-évaluent et quel est a priori, et après débriefing des questions, leur réel niveau de connaissance en culture numérique et leurs attentes.

Enquête sur le niveau de culture numérique des étudiants à l’Université 

A chaque rentrée universitaire à ‘lUCO de Nantes, je propose aux étudiants de 1ere année en Information-Communication un questionnaire sur leurs pratiques numériques et leurs connaissances en culture numérique, que je compare aux récentes enquêtes et statistiques sur les usages du numérique par les jeunes de 18 à 25 ans.

Il existe encore malheureusement assez peu d’études sur les pratiques et les usages du numérique par les étudiants, alors que paradoxalement, ils sont censés l’utiliser au quotidien dans leurs études, pour la recherche d’information, suivre l’actualité, rédiger des dossiers, collaborer entre eux, communiquer avec l’université et avec les enseignants, rechercher des ressources, un stage, une formation, etc. 

Dans cette enquête, nous avons ciblé des étudiants, entre 17 et 25 ans de l’UCO de Nantes, pour qui j’enseigne la culture numérique et la préparation à la certification PIX. Au début de chaque semestre, je propose aux étudiants de passer un test de positionnement, afin de mieux connaître leur niveau global. 123 étudiants ont répondus, dont 85 en L1 et 38 en L3. 

Dans notre enquête, il s’agit de connaître leur niveau de culture numérique, à la fois sous forme d’une auto évaluation, de questions sur leurs pratiques numériques et sur leurs connaissances de base. Il n’y a donc pas vraiment de questions pièges, l’intérêt est de voir comment ils s’auto-évaluent et quel est a priori, et après débriefing des questions, leur réel niveau de connaissance en culture numérique et leurs attentes. 

Nous avons renseigné l’essentiel des résultats de notre enquête pour l’année 2018-2019 dans l’infographie ci-dessous. Bien évidemment, le segment étudié étant restreint, nous ne pouvons ici être exhaustifs, ni parler au nom de tous les étudiants, mais nous tenterons de dessiner des tendances.

Un niveau de culture numérique estimé à moyen en L1 à bon en L3

Quant à leur niveau de culture numérique, les L1 estiment à 59% avoir un niveau moyen, 34% un bon niveau, 5% un niveau faible, 1% a un très bon niveau. On le voit, les nouveaux arrivants, sont assez confiants dans leur auto-évaluation et restent relativement modestes, voire réalistes, ils ne cèdent pas au mythe du digital native, conscients d’avoir un niveau plutôt moyen, et donc à améliorer. Seul 1% estime avoir un très bon niveau. 

Pour les étudiants de L3, la tendance semble s’inverser vers une amélioration du niveau général: 59% pensent avoir un bon niveau de culture numérique, 34% un niveau moyen et 1% toujours un très bon niveau. Aucun.e ne signale un niveau faible. 

La mobilité en priorité

Les 18-25 ans sont maintenant 98% à posséder leur propre smartphone.

Dans leurs pratiques, ils utilisent autant leur téléphone portable que leur ordinateur portable, à 97% pour les L3 et à 82% et 70% respectivement pour les L1. Suivi des enceintes bluetooth, de l’ordinateur fixe, de la tablette à 20% et des jeux à 20%. 

Le temps passé sur Internet est de 5h à 6h en moyenne par jour. Les L1 sont 50% à passer 5h à 7h (ou plus) de temps sur Internet, alors que les L3 sont 75%, l’utilisation est donc croissante avec le niveau d’étude. 57% des étudiants de L1 passent leur temps à se divertir sur Internet, tandis que plus on avance dans les études, plus les étudiants passent autant de temps à étudier qu’à se divertir, à 47% pour les L3.

Un besoin de formation clairement exprimé

Concernant le besoin en formation, 81% des L1 et 76% souhaitent avoir un enseignement en culture numérique pour leurs études: pour maîtriser les outils web, pour améliorer leurs compétences et connaissances numériques, et ainsi maîtriser les outils qui peuvent leur servir dans leurs études. Pour 50% des étudiants, il s’agit d’améliorer leur niveau personnel de connaissances et de culture générale. 

Les étudiants se sont formés par eux-mêmes et ils ne savent pas comment fonctionne Internet ni les GAFAM

Plusieurs constats sont édifiants, même si on s’y attend, vu le retard français et la quasi absence d’éducation à l’informatique et au numérique dans le secondaire et à l’université. 

  1. Autodidactes. Les étudiants de L3 (seuls interrogés sur le sujet) sont des autodidactes de l’informatique et du numérique. Ils affirment à 80% s’être formés par eux-mêmes, au fil du temps, ‘en bidouillant’. 10,5 % ont appris avec leur entourage, famille ou amis. Seulement 5% évoquent avoir appris lors de cours au lycée, et 2% à l’université. On voit ici toute la défaite et l’insuffisance criante de l’enseignement tant secondaire que supérieur dans ce domaine. 
  2. Avec des fortes lacunes. Ce premier constat explique clairement un second constat tout aussi effarant: les étudiants ne savent pas comment fonctionne Internet. Question pourtant fort simple et basique sur cet outil qu’ils utilisent depuis qu’ils ont 10 ou 11 ans. Pour 81% des L1 (soit 70 élèves) et 58% des L3, Internet fonctionne par satellite, et non par câbles. Seuls 17% des L1 ont bien répondu par câbles (soit 15 élèves) et 47% pour les L3 (soit 18 élèves). 
  3. Une méconnaissance des enjeux du web. Sur les deux niveaux, 63 % des L1 et 66 % des L3, les étudiants ont entendu parler des GAFAM, les connaissent plus ou moins et en ont une “vague idée”. La disparité est plus grande parmi ceux qui reconnaissent ne pas savoir du tout comment fonctionnent les grandes entreprises des GAFAM, et n’en avoir aucune idée : ils sont 27% en L1, contre 18% en L3. Ici aussi les années d’études semblent tout de même améliorer leur connaissance de base. Ce résultat est corrélé au nombre d’étudiants qui affirment bien connaître les GAFAM et s’informer régulièrement : 9% des L1 et 16% des L3, soit le nombre d’étudiants concernés à quasi égalité avec 8 et 6 étudiants. 

Dans les réponses libres sur les GAFAM, les étudiants montrent cependant une certaine connaissance des problématiques actuelles et un intérêt pour ces questions. Ils critiquent le plus souvent : les risques de sécurité pour les données personnelles, la cyberviolence et le cyber-hacèlement, la publicité abusive, la circulation des fake news et la surinformation, la maltraitance des salariés, l’addiction aux réseaux sociaux et leur aspect voyeurisme-intrusif dans la vie des gens. Deux ou trois élèves évoquent la privatisation du web, l’oligopole et le manque de transparence des GAFAM. Ou encore le manque de législation au niveau national et international, ainsi que la faiblesse des États dans l’absence de poursuites pour le paiement de leurs impôts. Si la plupart de ces préoccupations sont légitimes, elles sont aussi certainement insufflées par le climat de méfiance des technophobes face aux usages du numérique dans notre quotidien, très présents dans les médias actuels. Il convient donc de revenir sur ces points avec les étudiants, en nuançant plus finement les problématiques économiques et politiques et en apportant une vision plus positive du numérique.

Usages d’Internet des étudiants : une perception plutôt positive

Notre enquête révèle des tendances plus ou moins similaires aux pratiques des jeunes en général sur les réseaux sociaux, selon les récentes études publiées par le Blog du Modérateur et par les chercheurs. Mais aussi des tendances dont nous entendons moins souvent parler. Chacun utilise Internet en fonction de ses centres d’intérêts. Si les entreprises l’ont transformé à une époque en un eldorado pour y tester de nombreux business models, Internet est tout naturellement devenu pour les jeunes une occasion de plus de se distraire, s’instruire, se faire des amis. Ils ont en moyenne entre 5 et 6 profils sur les réseaux sociaux. 

Concernant leur classement des réseaux sociaux, Instagram est le 1er réseau social utilisé par les étudiants. Ils ont pu exprimer cette préférence dans une réponse libre: Instagram fait plus jeune et moderne que Facebook. Ils y trouvent davantage de créativité, des informations, et même des contacts pour leur vie professionnelles telles que la recherche de stage. La plupart des stars y sont présentes ainsi que leurs influenceurs.ses et communautés préféré.es. Ils aiment y communiquer, poster des photographies, sans beaucoup de texte et des stories en utilisant les filtres, puisque la plateforme est célèbre pour la photographie, la mode, le design. C’est aussi l’endroit où ils vont pouvoir retrouver leurs amis, puisque pour la majorité des jeunes aujourd’hui, leur activité première sur le Web est de se connecter sur Instagram et Snapchat pour échanger avec leurs amis. Ainsi que pour se faire de nouvelles connaissances, par affinités ou par communautés, de manière plus décontractée qu’ailleurs. Facebook est déserté depuis plus de deux ans, il ne sert qu’à garder le contact avec la famille et à s’informer. 

“Instagram est mon réseau social préféré car j’adore partager ce que j’aime et mes expériences par le biais de belles photos/vidéos, tout en suivant d’autres personnes qui m’inspirent et m’informent quotidiennement. “ un.e étudiant.e de L3, info-com.

Pourquoi Instagram plait-il tant aux jeunes ? 

Selon les résultats tirés d’une étude menée par Facebook HQ, qui a étudié l’utilisation d’Instagram par les jeunes, de 13 à 24 ans en Australie, au Brésil, au Canada, en Allemagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis et en France: 72% postent des photos chaque mois, autour de quelques sujets forts qui trouvent tous une place forte dans la vie des jeunes : la mode / la beauté, la nourriture / les restaurants, la télévision / les films, les loisirs ou encore la musique. Et comme une suite logique de ce constat, 53% des jeunes de cette étude déclarent qu’Instagram les aide à définir qui ils sont. Plus précisément, 63% des jeunes utilisent le réseau social pour les aider dans leur vie. 56% se sentent plus connectés avec les gens qu’ils connaissent et 52% disent qu’ils se sentent intégrés à une communauté, grâce à Instagram. Enfin, last but not least, tout bon pour les marques, 68% des jeunes interagissent régulièrement avec des marques, avec principalement la visualisation, le like de photos mais aussi la visite de site web…

Messenger est la 2e application la plus utilisée par les étudiants, à 60 % pour les L1 et 84% pour les L3, pour échanger avec leurs famille et amis, textos et photos. Communiquer avec ses amis étant la première de leur activité, 76% pour les L1. Le chat en live est extrêmement utilisé par les jeunes pour communiquer entre eux. A noter évidemment que cette fuite de Facebook n’est pas si grave, puisque ces quatre plateformes, Instagram, Messenger, Whatsapp (utilisée à 13% pour les L1 et 42% pour les L3) et Facebook font parties de la même compagnie Facebook HQ en Californie, formant ainsi un oligopole d’une puissance inégalée sur les réseaux sociaux. Cet usage est enfin normal dans une société connectée et renforce les liens sociaux, sans les remplacer par la virtualité. En effet, 43% des étudiants en L1 et 55% des L3 préfèrent passer leur temps libre à voir leurs amis en vrai IRL (In Real Life). Les relations amicales et sociales en réel, demeurent essentiel pour les étudiants, n’en déplaise aux détracteurs des réseaux sociaux, les jeunes ne sont pas si addicts et obsédés par leur portable, puisque lors de leurs rencontres, ils les laissent de côté pour profiter du moment présent. 

Discover sur Snapchat diffuse des médias au format exclusif pour la plateforme

A part égale, Snapchat est en 3e position pour les L1 à 56% et en 5e position pour les L3 avec 50% (57% des 11-19 ans en France). Les raisons principales sont le chat avec les amis, le chat de groupe, être sur un réseau dédié aux jeunes, moderne et dynamique, et s’informer sur Discover, format unique dédié d’actualités disponible sur Snapchat, pour 25% des étudiants de L1 et 13% seulement de L3. Cela correspond aux habitudes des jeunes, mais on voit qu’avec l’âge, les jeunes ont tendance à mettre de côté Snapchat, au profit d’autres réseaux comme Twitter pour s’informer.

La 4e position revient à Youtube à 52% et 55 %, pour sa créativité musicale et vidéos, la présence de chanteurs.euses sur ce juke box géant dans la poche, d’influenceurs.euses et de youtubeurs intéressants.tes ou drôles, la musique et l’humour étant les premiers vecteurs d’attraction et d’usages pour les jeunes. Il est très intéressant de voir que Youtube est aussi un support essentiel d’information et d’accès à l’actualité (voir infographie). Pour 38% des étudiants de L1, et pour 58 % des L3, les étudiants s’informent de plus en plus sur Youtube à mesure qu’ils avancent dans leurs études “Pour la variété des informations que l’on peut trouver et la culture qu’on peut acquérir (science, histoire…)”. On le sait, Youtube et les nouveaux médias, sont un nouveau canal important d’informations alternatives que l’on ne trouve pas sur les chaînes traditionnelles, et même de formation. Ils permettent de s’informer par soi-même, selon ses thématiques préférées, d’avoir accès et surtout de partager ces informations à leur guise. Les jeunes sont ici beaucoup plus acteurs du Web 2.0, ce nouvel eldorado, et acteurs de la “culture participative” qu’on ne le pense, en choisissant leurs contenus, en créant des collections et favoris, en s’abonnant à des chaînes, en allant à la découverte de nouveaux contenus et en les partageant à leur cercle.  

En 5e position, Twitter est utilisé par 38% des étudiants de L1, et 55% en L3, ce qui le place en 4e position pour eux. Ces chiffres sont au dessus de la moyenne, montrent un attrait de plus en plus fort pour l’application qui monte à mesure que l’on avance dans les études. L’information, que ce soit l’actualité ou les dernières nouvelles de leurs idoles ou influenceurs, et les échanges d’hashtag avec les amis, y est plus immédiate et actualisée que sur les autres plateformes. Le prisme mondial apporte une plus-value à l’expérience utilisateur. Le feed ne se limitant pas au cercle d’amis, des informations émanant de personnes de tous horizons sont disponibles sur la timeline. L’aspect public de la plateforme combiné à la rapidité de diffusion de l’information (via le Retweet) créé un sentiment d’appartenance à une communauté mondiale. Selon les étudiants, Twitter est apprécié pour la “diversité de son contenu”, pour un “usage personnel et professionnel, il y a de tout (humour, actualités…)” et “beaucoup d’informations”, pour sa “communication simplifiée”, “pour commenter les sujets d’actualité et parler librement”, les “personnalités transmettent directement leurs informations” et en plus “ce réseau n’est pas utilisé par tout le monde” (c’est à dire les parents). Enfin Twitter est “plus libre, plus direct, plus d’interaction, on choisit mieux les sujets intéressants.” Il permet de confronter les opinions divergentes: “La pluralité des sources. Notamment Twitter, il est possible de suivre des personnes avec des idées totalement opposées. Et ainsi de les confronter.”

Tweetdeck de Tweeter

Twitter abolit également la notion « d’amitié » inhérente à Facebook, un avantage qui a séduit Eva, 16 ans: « Sur Facebook il y a la barrière du ‘devenir amis’ alors que sur Twitter il est plus facile d’avoir une connexion avec d’autres internautes pour commenter les nouvelles ou simplement rigoler », explique-t-elle. Lydia, 17 ans, aime quant à elle, « le fait d’être lu par des personnes que l’on ne connaît pas, et qui, de ce fait ne nous jugent pas. Cela me donne une liberté que je n’avais pas ou plus sur Facebook. »

« La nouvelle popularité de Twitter attire forcément les jeunes, explique Laurent Karila, psychiatre spécialiste des addictions. Mais ce qui les séduit, c’est aussi que Twitter va plus vite que les autres réseaux sociaux, y compris Facebook. » L’instantanéité et le flux continu de messages captivent les natifs du digital. 

En 6e position se trouve Facebook, de moins en moins fréquenté par les jeunes, trop désuet, pas assez rapide, trop envahis par les parents et la famille. « Les ados quittent en masse Facebook à mesure que leurs parents et professeurs s’y mettent », constate Yann Leroux qui se décrit comme « psychologue et geek ». Les jeunes l’avouent dans leurs tweets. Les parents sont devenus gênants avec leurs demandes en amis. Alors direction Twitter ou Instagram, réseaux sociaux qui échappent encore à leur contrôle et où, contrairement à Facebook, ils ont droit à l’anonymat. 

Malgré cette érosion de Facebook, les étudiants l’utilisent pour s’informer en 3e position après les sites de journaux en ligne et après la TV qui garde une place solide malgré tout. Cela en raison des habitudes familiales, et sans doute la difficulté à trouver de l’information d’actualité sur les autres applications. 

Comment les jeunes s’informent ? Un fort intérêt pour l’actualité, mal exploré

    Dans leurs pratiques, les jeunes montrent un fort intérêt pour l’actualité qui arrive en 5e position de leurs usages d’Internet. Ils s’informent d’abord directement sur les sites web des journaux à 61% pour les étudiants de L1, et 81% des L3. La 2e source d’information reste la TV télévision à 60% quelque soit leur niveau d’étude. Cela peut s’expliquer par les habitudes familiales, et se confirme dans les habitudes des jeunes en général, de s’informer en regardant le JT en famille. En 3e position, comme nous l’avons vu plus haut, arrive Facebook suivi en 4e position de Youtube. Les jeunes ici privilégient les réseaux sociaux pour s’informer, en suivant les informations nationales et internationales, les institutions culturelles et associations locales qui n’ont pas de sites web et qui diffusent leurs informations sur Facebook uniquement. Twitter arrive en 5e position pour s’informer, à 38% chez les étudiants de L1 et 58% pour les L3. Là encore, les plus âgés ont davantage d’habitudes informationnelles. Ils fréquentent beaucoup plus les sites d’information et utilisent davantage Youtube et Twitter pour trouver de l’information. Il existe ici une problématique liée au manque de formation dans le recherche d’information, qui s’améliore avec le niveau d’étude. 

Viennent ensuite entre 30% et 25% l’usage de l’information dans la presse papier (30% pour les L1, 29% pour les L3), la radio (29% pour les L1, 52 % pour les L3), Instagram (28 et 29%), les nouveaux médias en ligne (Brut., Konbini… 27% pour les L1 et 34% pour les L3), Discover de Snapchat (25% pour les L1, 13% pour les L3), et enfin via les suggestions de leurs messageries (10%). Malgré ce fort intérêt, des problèmes demeurent dans la méthodologie de recherche d’information. On constate sur le terrain, lors des cours et des TD, une méconnaissance de la RI Recherche d’information, des méthodes documentaires, ainsi qu’une faible exploration des richesses documentaires du web. 

Les étudiants de L1 passent plus de temps sur Internet à se divertir qu’à étudier (57%). Une bonne part restante affirme passer autant de temps à se divertir qu’à étudier (40%). Les étudiants de L3 sont partagés à 50% pile, un groupe passe plus de temps à se divertir et l’autre à se divertir et à étudier à part égale (50%).  

    Dans les pratiques quotidiennes d’Internet, les étudiants L1 l’utilisent avant tout, dans l’ordre, pour: 1. échanger avec leurs amis, 2. écouter de la musique, 3. regarder des vidéos et des films, 4. voir leurs amis en vrai, 5. s’informer de l’actualité, 6. voir ce que les autres ont postés, 7. communiquer avec leur famille, 8. partager des photos ou des vidéos, 9. pratiquer une activité artistique, 10. se déconnecter et enfin 11; s’auto-former en langues ou autre.

Pour les étudiants de L3, les priorités sont un peu différentes (voir infographie), le divertissement culturel, les amis et l’information passant avant le reste: 1. regarder des vidéos ou des films, 2. échanger avec les amis, 3. écouter de la musique, 4. s’informer de l’actualité, 5. voir ce que les autres ont posté, 6. voir les amis en vrai, 7. communiquer avec la famille, 8. partager des photos ou des vidéos, 9. s’auto-former en langues ou autre, 10. pratiquer une activité artistique, 11. se déconnecter. 

Importance de la culture numérique pour les étudiants : pour leurs études en priorité

    Concernant l’intérêt que portent les étudiants eux-mêmes dans la culture numérique (on leur demande rarement leur avis, c’est bien dommage), il est intéressant de voir quel est leur horizon d’attente dans l’acquisition de ces compétences numériques. A quels fins, dans quels buts, pour quels usages dans leurs vies étudiantes, professionnelles et personnelle ? 

Leur 1er besoin et priorité est clairement destiné à leurs études, afin de savoir mieux maîtriser les outils du Web (81% des L1 et 76% des L3). Ce qui est très intéressant, car ils ont conscience de l’importance de la maîtrise des TIC pour avancer dans leurs études. La 2e priorité est d’améliorer leur niveau de culture générale (36% pour les L1, 50% pour les L3, qui semblent en avoir davantage conscience). En 3e priorité pour les L1, il s’agit de faciliter leurs recherches d’orientation et d’emploi (28%), alors que les L3 préfèrent améliorer leur niveau personnel de connaissances (50%). Les deux dernières priorités sont écologiques et professionnelles : la connaissance de l’impact environnemental d’Internet (22% pour les L1, 42% pour les L1), et la construction de leur profil et de leur réseau professionnel (23% pour les L1, 8% pour les L3). Les préoccupations écologiques passent encore devant la création d’un réseau professionnel sur le web, auquel croient encore les L1, mais guère les L3, sans doute déçus par les outils et applications existantes, ou peut-être méconnaissent-ils ce que leur e-réputation peut leur apporter, ou alors ils se sentent peu habiles à manier les outils de réseautage existant ? Ils devraient pourtant se sentir plus concernés par la création de leur réseau et la recherche d’emploi. Pourtant selon notre enquête, 97% des étudiants de L3 ont déjà créé un profil en ligne sur un réseau social professionnel, 71% ont déjà réalisé un CV en ligne, 50% ont déjà animé une page Facebook et 42% ont déjà réalisé un blog ou un site web.  

Conclusion

Veut-on former les e-citoyens et développer les métiers du numérique en France ?

Le niveau des étudiants en culture numérique est encore assez moyen, voire faible, sauf exception de quelques personnes qui s’informent régulièrement et qui se forment par curiosité, par eux-mêmes. La majorité des étudiants sont en effet autodidactes en informatique et en culture numérique. L’enseignement, secondaire et universitaire, n’a pas encore saisi l’importance et le tournant de la révolution numérique. Si bien que les étudiants sont en forte demande de formation dans ce domaine, d’abord pour les faire progresser dans leurs études, pour leur future activité professionnelle, mais aussi pour leur culture générale, et ce que l’on nomme les “soft skills” qui permet d’avoir les compétences nécessaires afin d’évoluer tout au long de sa carrière. Ils ont en effet des méconnaissances graves de notion de base, tels que le fonctionnement d’Internet et des GAFAM, dont ils utilisent pourtant quotidiennement depuis leur 11 ans leurs applications.

    Les jeunes sont très équipés en supports mobiles (smartphone et ordinateurs portables) et très présents sur les réseaux sociaux en vogue, Instagram, Snapchat, Messenger, Youtube, Twitter en majorité, avec une faible part sur Facebook et Whatsapp. Plutôt participatifs mais pas acteurs, leurs principales activités sont d’échanger avec leurs amis, regarder des vidéos, écouter de la musique et s’informer de l’actualité. Ils suivent souvent un grand nombre d’influenceurs.ses, dans l’humour, la mode, le sport, la musique. Ils montrent un fort intérêt pour l’information, l’actualité rapide, à chaud, dans un flux constant de nouvelles données, sur Facebook et Twitter. Adepte de la liberté de s’informer de manière plus personnalisée et plus souple sur Internet, ils n’explorent cependant pas toutes les richesses que peut leur offrir le Web, faute de formation dans la recherche d’information et la veille documentaire. Enfin, concernant leurs besoins, conscients de leurs lacunes, ou parfois trop confiants dans le mythe du Digital natives, ils sont très demandeurs d’une formation adaptée en culture numérique, en priorité pour leurs études et pour leur niveau de culture générale. Alors qu’est-ce que nous attendons pour répondre à ces besoins en formation en culture numérique désormais fondamentaux de milliers d’étudiants ?

A quand un enseignement de culture numérique pour tous les étudiants? L’exemple du référentiel canadien

Comme le préconise Thierry Karsenti, Professeur titulaire en intégration des technologies de l’information et de la communication à l’Université de Montréal au Canada, dans son dernier ouvrage « Le numérique en éducation » (2019) et dans un article sur « Les compétences informationnelles des étudiants à l’heure du Web 2.0 » (2014), les enseignants doivent encourager les étudiants à développer leur culture informationnelle en utilisant les techniques de recherche d’informations ponctuellement, et une veille et un réseautage informationnels continus. Il propose un cadre de référence, adopté en avril 2019 par le gouvernement du Québec, dans le but de former à la culture numérique selon 12 dimensions afin de développer l’éthique et l’esprit critique des étudiants et de mener avec eux une réflexion sur l’impact du numérique dans nos société aujourd’hui et demain:

  1. AGIR EN CITOYEN ÉTHIQUE À L’ÈRE DU NUMÉRIQUE
  2. DÉVELOPPER ET MOBILISER SES HABILETÉS TECHNOLOGIQUES
  3. EXPLOITER LE POTENTIEL DU NUMÉRIQUE POUR L’APPRENTISSAGE
  4. DÉVELOPPER ET MOBILISER SA CULTURE INFORMATIONNELLE
  5. COLLABORER À L’AIDE DU NUMÉRIQUE
  6. COMMUNIQUER À L’AIDE DU NUMÉRIQUE
  7. PRODUIRE DU CONTENU AVEC LE NUMÉRIQUE
  8. METTRE À PROFIT LE NUMÉRIQUE EN TANT QUE VECTEUR D’INCLUSION ET POUR RÉPONDRE À DES BESOINS DIVERSIFIÉS
  9. ADOPTER UNE PERSPECTIVE DE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL ET PROFESSIONNEL AVEC LE NUMÉRIQUE DANS UNE POSTURE D’AUTONOMISATION
  10. RÉSOUDRE UNE VARIÉTÉ DE PROBLÈMES AVEC LE NUMÉRIQUE
  11. DÉVELOPPER SA PENSÉE CRITIQUE À L’ÉGARD DU NUMÉRIQUE
  12. INNOVER ET FAIRE PREUVE DE CRÉATIVITÉ AVEC LE NUMÉRIQUE

Il faudrait sans doute prendre exemple sur ce nouveau cadre de références de compétences numériques du Québec publié en avril 2019, car il inclut non seulement des connaissances techniques et pratiques, mais aussi la formation à l’esprit critique, au développement personnel et professionnel en vue d’une autonomie des jeunes adultes, ainsi que la créativité et l’innovation, beaucoup moins présente dans le cadre de référence français. Ce que d’ailleurs les étudiants ont révélé dans notre enquête, le besoin d’améliorer leur compétences numériques pour leurs études et leur niveau de culture générale, ainsi que le besoin de comprendre ce nouvel environnement tout en prenant en compte son impact écologique, préoccupation qui passe avant leur recherche d’orientation ou d’emploi.

Gouvernement du Québec – Le cadre de référence de la compétence numérique – avril 2019
http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/ministere/Cadre-reference-competence-num.pdf

Ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche (France) — Cadre de référence des compétences numériques 2017
https://www.ac-paris.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2017-01/cadre_de_reference_des_competences_numeriques_690478.pdf

Commission Européenne – Passeport de Compétences Informatique Européen (PCIE)

https://www.pcie.tm.fr/static/pcie

*Les Soft Skills sont des compétences transversales, particulièrement développées dans les Sciences humaines et sociales, mais souvent mal connues ou mal identifiées. Elles concernent à la fois la formation initiale et la formation tout au long de la vie. Ces compétences fondamentales et transversales, acquises au sein du cursus et en dehors du cursus, englobent :

  • les compétences cognitives : capacités d’analyse, de synthèse, résolution de problèmes complexes…
  • les compétences sociales : communication, interaction, collaboration…
  • les compétences relevant du développement personnel : conscience de soi, estime de soi, autonomie, adaptabilité…
  • les compétences liées à la mise en action : prise d’initiative, volonté, leadership…

INFOGRAPHIE COMPLÈTE DE L’ENQUÊTE SUR LES PRATIQUES NUMÉRIQUE DES ÉTUDIANTS > Cliquez sur le lien ci-dessous!

https://infogram.com/infographie-usages-numerique-des-etudiants-18-25-ans-etude-l-boyer-1h8n6mqlmq8j2xo?live

Laure Boyer, enseignante chercheur en culture numérique, Université Catholique de l’Ouest, Nantes Contact

Avis, commentaires et like sur Linkedin

CONTACT

Pour un enseignement de culture numérique : les digital natives à l’Université à l’ère de la révolution numérique

L’Éducation nationale et l’Université en France, préparent-elles correctement nos jeunes à la révolution numérique en cours et à tout le potentiel de leur vie professionnelle et de citoyen.ne connecté.e ? Quels sont leurs besoins aujourd’hui en formation et comment les accompagner, quelque soit leur situation : lycéens, étudiants et décrocheurs ? Plus globalement, nous pouvons nous demander quel numérique voulons nous demain? Et quel enseignement du numérique voulons nous aujourd’hui et demain pour les jeunes générations ?

“Nous faisons le numérique et le numérique nous fait”, affirme Dominique Cardon, dans son excellent ouvrage de référence paru cette année “Culture numérique”. Le numérique est aujourd’hui omniprésent, il transforme la société, nos moyens de communication et d’information, nos outils de travail. La maîtrise des fondamentaux du numérique devient indispensable pour une insertion professionnelle durable des jeunes et des étudiants.

Inscrites comme une des compétences clés pour l’éducation et la formation tout au long de la vie par l’Union Européenne, l’acquisition de ces compétences permet à tout individu, quels que soient son secteur d’activité et sa catégorie socio-professionnelle, de sécuriser son parcours et de développer ses “soft skills”* c’est-à-dire les capacités d’analyse, de synthèse, la résolution de problèmes complexes, la créativité, l’esprit d’initiative, la confiance en soi, la capacité à travailler en groupe, à convaincre etc.

Quel numérique voulons nous demain? 

Les enseignants comme les jeunes, et futurs adultes de demain, semblent être aujourd’hui davantage les consommateurs, plus que les acteurs, et encore moins des créateurs, de ce numérique, comme le confirme l’enquête que j’ai mené auprès de jeunes étudiants en Information et Communication de première et troisième année.  

Dix ans après le constat alarmant d’Olivier Le Deuff, maître de conférence à l’université de Bordeaux, sur le manque et même l’absence de connaissance dans les NTIC et la culture numérique des jeunes « Digital naif » (2009) et des solutions qu’il préconisait dans un ouvrage dédié à l’enseignement de la culture informationnelle “La formation aux cultures numériques” (2011), qu’en est-il aujourd’hui de cette jeunesse connectée ? Sait-elle mieux qu’avant se servir du numérique, de l’information et des réseaux sociaux ? Pour Anne Lehmans, maître de conférences HDR à l’Université de Bordeaux, être digital natif (Prensky 2001) ne suffit pas à maîtriser l’information. Il existe donc bien un paradoxe du digital natives, de plus en plus relayé par la presse aujourd’hui. Hervé Le Crosnier, maître de conférence à l’Université de Caen, met en garde contre le mythe du Digital Natives. Selon lui, c’est un argument marketing pour que les jeunes l’utilisent sans esprit critique. De plus, leur attribuer ce terme peut conduire à une “uniformisation” des jeunes, alors que l’on est tous différents, les jeunes aussi. 

Se sentent-ils donc désormais plus ou moins à l’aise avec le numérique et l’information sue le web ? L’Éducation nationale et l’Université en France, préparent-elles correctement nos jeunes à la révolution numérique en cours et à tout le potentiel de leur vie professionnelle et de citoyen.ne connecté.e ? Quels sont leurs besoins aujourd’hui en formation et comment les accompagner, quelque soit leur situation : lycéens, étudiants et décrocheurs ? Plus globalement, nous pouvons nous demander quel numérique voulons nous demain? Et quel enseignement du numérique voulons nous aujourd’hui et demain pour les jeunes générations ? 

A l’heure de la réforme lycée dite du “bac 2021” qui prévoit dès la rentrée 2019 un enseignement informatique SNT (Science Numériques et technologiques) en 2de et l’option NSI (Numérique et Sciences informatiques) en 1ere et terminale, quels sont concrètement les mesures mises en place pour ces enseignements ? A l’université, quelles sont les formations proposées dans ce domaine ? Il y a t-il un socle commun d’enseignement de culture numérique disponible toutes filières confondues? 

Dans cet article, nous tenterons de répondre à ces questions d’une part à travers une enquête menée auprès de 123 étudiants de 18 à 25 ans de 1ere et 3e année de Science de l’Information et de la Communication de l’Université Catholique de l’Ouest de Nantes. Et d’autre part, en amont, nous nous interrogerons sur les réelles modalités d’un enseignement de culture numérique en France, par un bref panorama des cursus et dispositifs existant, tout en faisant un point sur la réforme du Bac 2021 et le numérique à l’université notamment à travers le Référentiel de Transformation numérique de l’ESR (2016). 

Enseigner l’informatique davantage que la Culture numérique

Un enseignement technique dans l’enseignement secondaire

On fête cette année les 30 ans du Web, 4,12 milliards d’internautes, soit 57% de la population mondiale est connectée chaque jour dans le monde. La France compte 60,42 millions d’internautes actifs soit 92% de la population totale. Il y a 38 millions d’utilisateurs actifs de médias sociaux soit 58% de la population totale.

Les internautes passent en moyenne 6 heures et 42 minutes en ligne par jour soit plus de 100 jours de temps en ligne chaque année pour chaque internaute. Le temps quotidien moyen d’un français sur internet, tous appareils confondus, est de 4 heures et 38 minutes. Le nombre d’utilisateurs de médias sociaux a atteint près de 3,5 milliards début 2019. Avec 288 millions de nouveaux utilisateurs au cours des 12 derniers mois, le chiffre de pénétration mondial est de 45%.  Google, 1er au classement des sites Web les plus visités au monde suivi de YouTube et Facebook. La majorité sont des jeunes de 10 à 25 ans. Comment ces jeunes apprennent à se servir des outils numériques? Que proposent l’Éducation nationale et l’Université française aujourd’hui en matière d’éducation à la culture numérique ? 

Nous ferons d’abord un tour d’horizon des enseignements et dispositifs de certification existants, montrant les efforts réalisés jusqu’à présent, et le retard français dans la formation des jeunes non seulement aux enjeux du numérique mais aussi aux métiers du numérique, qui peinent déjà à recruter. 

En matière d’éducation et d’outils numériques, le numérique éducatif en France pour l’enseignement secondaire, comprend un grand nombre d’études, de formation en Licences et Master (voir la carte Digital Humanity Course registry https://registries.clarin-dariah.eu/courses/) et des centres de recherche (Laboratoire TECHNE, Poitiers, l’Université d’été et le campus Ludovia, 20-23 aout 2019), dédiés à l’apport et aux changements du numérique comme outil d’apprentissage dans le système éducatif. Cette approche importante est davantage technique. Les contenus sont par ailleurs nombreux dans les différentes bases de données mais ils sont disparates, si bien que pour un enseignant il est parfois difficile parfois de s’y retrouver. Que ce soit dans les avantages technologiques pour améliorer les pédagogies en classe, avec les outils et les ressources multiples et variées. Ou bien que ce soit sous le signe de l’apprentissage du code. Ces approches purement techniques et/ou informatique étant certes importantes mais encore largement insuffisantes. Savoir coder ne signifie pas que l’on connaisse les enjeux du numérique d’aujourd’hui et de demain. Mais au moins, on sensibilise à la pensée informatique, comme semblent vouloir le proposer les nouveaux enseignements dans le secondaire. 

Quand est-il concrètement sur le terrain? Suite à une enquête nationale ETIC, donnant des indicateurs sur le numérique dans les écoles, collèges et lycées public, le DANE vient d’ailleurs de publier un rapport sur les “Pratiques et usages de ressources numériques pédagogiques dans l’Enseignement Supérieur “ (06/05/2019). De même, afin de pallier un manque de clarté et d’unité, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et la Caisse des Dépôts, ont lancé fin avril 2019, l’outil eCarto, 1er panorama open data du numérique éducatif en France à l’échelle des territoires. 

L’échec du numérique éducatif ?

Il faut également citer le tout récent rapport accablant de la Cour des Comptes du “Plan Numérique pour l’éducation” de François Hollande, qui relève de profondes disparités selon les régions, l’absence de pilotage et de directives claires de la part du ministère de l’Éducation, l’absence de formation des enseignants, la prise en charge de la part des collectivités locales du financement des supports informatiques, censés équiper 100% des collèges, la réalité est à 43% et le bidouillage auquel sont confrontés et malheureusement habitués les enseignants pour essayer de faire avancer les choses. Plusieurs recommandations, existantes déjà dans le Plan de 2015, sont à nouveau proposées dans ce rapport. 
Dès lors, le numérique éducatif est considéré comme un échec en France. Un article du Café pédagogique retrace bien les différents écueils rencontrés et les raisons principales de cet échec. Le fossé culturel grandissant entre les élèves et les enseignants et l’Etat, les problèmes de flexibilité pour les enseignants, l’absence d’une réelle politique d’éducation à l’informatique et à la culture numérique. Face à ces lenteurs et ces nombreux écueils, certains établissements tentent de mettre en place des ateliers de préventions ici ou là, dans le secondaire via soit des associations (Internet sans craintes, les Petits Débrouillards, Génération numérique, Class’Code), soit via la Gendarmerie nationale. Ces ateliers, plutôt préventifs, n’offrent qu’une petite fenêtre de quelques heures par an d’Internet responsable, ou d’informatique, à un domaine immense qui nécessite au minimum une année de formation.

L’échec d’une approche technique au détriment de la culture: ou comment se creuse la fracture numérique

Au sein de l’Éducation nationale, jusqu’à présent, l’enseignement à l’informatique et à la culture numérique ont été pris sous l’angle presque exclusivement technique et optionnel sous la forme d’un certificat : le C2i et le B2i donnaient un niveau de compétences en bureautique. Le nouveau certificat PIX en est la suite un peu améliorée et ouvert cette fois à toutes personnes souhaitant tester et valider son niveau, sur une plateforme gratuite. La navigation sur Internet et la maîtrise de l’outil informatique ne sont ni innés, ni donnés à l’adolescence avec un Iphone. Les canadiens ont d’ailleurs nommé leur certificat “Driving Licence Internet”. Les cinq grands domaines de compétences numériques validés par le certificat PIX sont détaillés dans le Cadre de référence des compétences numériques (MEN) de 2017.

Quand est-il de la réforme bac 2021 ?

Le lycée a d’abord proposé un enseignement « informatique et création numérique » (ICN) comme enseignement d’exploration en seconde générale et technologique, puis comme option en classe de première des séries générales (S, ES et L) et de terminale des séries ES et L (à la rentrée 2017). Mais ces enseignements sont profondément remaniés à la faveur de la réforme du baccalauréat et des enseignements de la classe de seconde (application à la rentrée 2019) et de première et terminale (rentrée scolaire 2020).

Les nouveaux enseignements SNT et NSI pourraient-ils enfin répondre aux besoin des jeunes et des enseignants, non concertés malheureusement pour l’occasion ? Et déjà très inquiets du manque de communication dans la répartition des enseignements par classe et du qui fait quoi. Dans la présentation au BO du MEN et à l’IGEN, les programmes de 2de sont très orientés techniques informatiques pures (algorithmie, robotique), ceux de 1er et terminale sont déjà plus ouvert sur les enjeux et le fonctionnement d’Internet et du Web. Il n’en reste pas moins que nous en sommes “encore” qu’au début d’un réel enseignement globalisé et disponible pour tous les lycéens qui le souhaitent, puisque sur 4200 lycées en France, seuls 750 lycées publics et 250 lycées privés pourront proposer ces spécialités aux élèves. 

Le numérique à l’Université : des enjeux énormes des Humanités numériques et des NTIC pour de faibles applications

A l’université, on étudie les interactions du numérique avec les différentes disciplines existantes, sous le terme des “humanités numériques”, apparu en 2006, mêlant numérique et sociologie, patrimoine, langues, littérature, anthropologie, géographie, les sciences de l’information et de la communication.

 Nous ne reviendrons pas ici sur les nombreuses expérimentations, ressources, formations (destinées aux enseignants exclusivement pour l’aspect pédagogique) et innovations dans ce domaine, afin de nous concentrer directement sur point qui va nous intéresser dans cet article : l’enseignement de la culture numérique pour les jeunes de 17 à 25 ans. 

Dans l’enseignement supérieur, la question du numérique a été abordé et introduit par le biais de la transformation des modes d’enseignement et de transfert des savoirs, la coopération internationale, le service “après-vente” des universités après les études, la modernisation des infrastructures et des lieux connectés, l’amélioration des ressources, les cours en ligne avec les MOOCS en pleine réflexion encore aujourd’hui, et les SPOC, notamment face à la concurrence internationale et au besoin en formations. Mais non pas pour la culture numérique en tant que telle, si ce n’est dans la connaissance et les techniques du traitement de l’information. 

De même, de nombreuses plateformes pédagogiques sont désormais proposées par des universités à l’instar de Moodle, qui constituent des leviers à part entière de formation virtuelle. En effet, cette plateforme technologique offre aux établissements la possibilité de créer des cours en ligne et des sites e-learning et a la particularité d’être gratuite, au niveau de la licence d’exploitation. Du coup Internet est en train de faire tomber pratiquement le mur des différentes institutions éducatives (écoles, universités, bibliothèques, musées, etc. (Devauchelle, 2012), d’où l’émergence d’un apprentissage multimodal, avec de moins en moins de bâtiments, mais de plus en plus de pratiques éducatives informelles, d’enseignements à distance, d’espaces collaboratifs, voire de formations « interstitielles », par exemple sur des temps perdus dans le transport (Le Deuff, 2011).

Une enquête concernant l’outil ENT et ses usages, nommée “EvaluENT” a d’ailleurs été publiée en mars 2019, montrant que la majorité des étudiants s’emparent peu de cet outil, si ce n’est pour échanger et retrouver des cours. Les ENT sont de fait largement sous exploités, très coûteux et souvent peu ergonomiques. De même que les Université en général se sont encore assez peu et mal emparées des réseaux sociaux pour toucher le jeune public. Ce qui commence à constituer un enjeux de communication essentiel dans la compétition mondiale du classement des établissements supérieurs. 

Après plusieurs étapes dans la construction du numérique à l’université, aujourd’hui se développent FUN (France Université Numérique) et la Stratégie numérique pour l’enseignement supérieur lancée en 2013 à l’université impulsé par le Ministère de la Recherche et de l’enseignement supérieur. Deux rapports d’étape font le point. L’un en 2018 sur Les innovations pédagogiques numériques et la transformation des établissements d’enseignement supérieurs, traitent des questions d’ordre techniques, d’équipements et de pédagogie augmentée assistés par le numérique, mais jamais il n’est question d’enseignement de culture numérique. Le second en 2019 sur les Pratiques et usages de ressources numériques pédagogiques dans l’Enseignement supérieur, offre une vision très intéressante de ces usages, mais pour les enseignants dans leurs préparations de cours, leurs pédagogies, les supports qu’ils utilisent et pour les documents qu’ils échangent avec les étudiants. 

L’Institut Montaigne, dans un rapport “Enseignement supérieur et numérique, connectez-vous! de 2017 listant 10 propositions pour l’Enseignement supérieur, préconise dans le 3e recommandation de “Des outils de formation et de certification insuffisant – Former au numérique et à ses enjeux”. Il s’agit de rattraper le retard français dans la concurrence internationale : la France se situe dans le dernier tiers du classement des universités européennes établi par l’Association des universités européennes (EUA, voir la section “Digitalisation”): 

“La révolution des compétences et des métiers ne fait que débuter. Les cycles d’innovation se resserrent et de nouvelles compétences émergent, à un rythme toujours plus soutenu, sans qu’une offre de formation adaptée ne puisse les accompagner. L’informatisation toujours plus poussée de l’économie conduit à faire de la maîtrise des technologies de l’information et de la communication (TIC) une composante indispensable de tous les cursus. (…)

L’enseignement supérieur dans sa globalité doit être plus performant pour transmettre les fondamentaux, théoriques ou techniques, et permettre aux entreprises de pouvoir adapter rapidement un diplômé à son nouveau métier. 

Des outils de formation et de certification obsolètes qu’il faut rénover : développer les outils à l’orientation pour limiter l’échec en premier cycle universitaire

La maîtrise des outils numériques et l’acquisition de compétences digitales de base, aussi appelée « littératie numérique » n’est pas assurée de façon satisfaisante par les établissements de l’enseignement supérieur. L’acculturation aux outils numériques et informatiques devrait pourtant irriguer l’ensemble des formations de l’enseignement supérieur et de la recherche. L’offre de formation à l’utilisation des TIC est également un axe de développement encouragé au niveau européen. La Commission européenne a lancé en décembre 2016 la « Coalition en faveur des compétences et des emplois dans le secteur du numérique » visant à insuffler un élan collaboratif entre les États membres et toutes les parties prenantes (entreprises, ONG, enseignement, etc.) pour développer la formation dans le domaine du numérique. Cette initiative implique le développement de coalitions nationales permettant de faire fleurir l’offre en matière de formation aux TIC. (…)” (p.68-69)

“Tant sur la formation technique que théorique, les résultats sont loin d’être satisfaisants et, faute de formation adaptée, ce sont près de 800 000 postes qui seront non pourvus dans le secteur des TIC dans l’Union européenne en 2020. (…) Des réformes structurelles des systèmes de formation, initiale et continue, sont donc nécessaires. Elles ne pourront s’entreprendre sans que ne soit parachevée l’autonomisation de nos universités, indispensable à la mutation et à la modernisation des établissements. Elles devront, en outre, intégrer une approche européenne, dans le cadre d’une relance du processus de Bologne. Elles doivent, enfin, permettre aux établissements de former aux compétences nouvelles, par et pour le numérique, pour les étudiants et les enseignants. C’est tout l’enjeu des 10 propositions de ce rapport que de décrire les conditions de réussite d’une telle réforme.”

Au sein du Ministère de l’enseignement supérieur, on trouve le Référentiel de transformation numérique de l’Enseignement supérieur et de la recherche (ESR), déposé en mai 2016 et disponible en ligne, propose de mettre en cohérence différentes actions pour que le numérique soit le levier d’une transformation globale à l’échelle d’un établissement ou d’un site. Il permet une double lecture : à la fois opérationnelle (par polarité d’action) et stratégique (par valeur sur laquelle un établissement ou un site souhaite positionner sa stratégie). 6 polarités et 9 valeurs sont proposées en priorité afin d’aider les établissements à élaborer, consolider, adapter leur scénario singulier de stratégie numérique en s’appuyant sur un cadre commun. 

Référentiel de transformation numérique de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 6 polarités #TransfoNumESR

Dans la valeur “Éthique”, polarité “Pratiques et contenus pédagogiques”, on trouve onze actions en faveur de la culture numérique, dont les actions 23 à 25, “Former tous les étudiants aux fondamentaux informatiques et aux usages numériques quel que soit leur cursus”, une formule rêvée qui est encore loin d’être réalité.

  • Action 23 : Former tous les étudiants aux fondamentaux informatiques et aux usages numériques quel que soit leur cursus (« littératie numérique »)
  • Mise en place de concertations avec les étudiants des différents cursus sur leurs pratiques, leurs attentes et leurs représentations sur la place du numérique dans leur apprentissage universitaire et dans leur vie professionnelle future
  • Formation à un socle partagé de compétences et savoir-faire numériques de base (pratiques collaboratives d’édition et de production, initiation aux humanités numériques, protection de la vie privée, initiation au code), en s’appuyant sur le C2I
  • Elaboration, avec les étudiants (ou par les étudiants) d’un référentiel de littératie adapté à chaque niveau (licence, master, PhD) et/ou à chaque cursus disciplinaire

  • Action 25 : Mettre en place une offre de formation en Humanités numériques
  • Appui sur les UFR de Sciences Humaines (spécialistes en Humanités Numériques) pour accompagner les étudiants dans le développement d’ une culture numérique (usages contributifs, autorités, réputations, algorithmes, social learning, outils sociaux et pour la recherche)
  • Création de nouveaux cursus LMD (cursus en Humanités numériques, double cursus en informatique et sciences humaines, etc.)

Les cours de Culture numérique à l’Université sont encore dispersés et en nombre insuffisants. A noter que La majorité des formations sont proposées uniquement à partir du niveau Master. On peut en citer quelques uns repérés (je ne cite pas ici les cours de gestion de ressources documentaires et de gestion de l’information scientifique) : à Science Po Paris avec Dominique Cardon, à l’Université de Caen avec la licence Humanité numérique proposée par Hervé Le Crosnier (40 étudiants par promotion, cours disponible en ligne  sur le CEMU Canal U et sur Thot cursus). L’Université de Strasbourg avec la création inédite d’un Centre de Culture numérique (CCN) qui propose des formations et des cours en ligne gratuits à la carte à connaître absolument. Les cours d’Alexandre Serres à l’Université de Rennes 2, Urfist de Bretagne et des Pays de Loire, pour le Master “Humanités numériques”. A l’UCO de Nantes, la Licence Information et Communication dispose d’un enseignement en “Culture numérique et certification PIX” en L1 par Laure Boyer, et des cours en “Communautés numériques et Nouveaux Médias” en L3. A l’UCO de Vannes, il existe deux Masters spécialisés, l’un en « Communication numérique et conception multimédia« , l’autre à Angers en « Ingénierie de la décision et Big Data ». L’université de Bordeaux dispense des cours en culture numériques dans quatre Masters, dont le Master Document numérique et humanités digitales. L’Université de Lille 3 propose une formation multimédia 100% en ligne, en autoformation, ouvert à 7500 étudiants. Un forum, animé par un tuteur est également à disposition des étudiants. Ce 1er module s’intitule “Historique et grands principes d’Internet”. Les Universités du Mans et d’Angers du Pôle E-Pédagogie ont mis en ligne un Moodle de culture numérique, celui d’Angers étant plus complet et développé, il comprend 10 parties contre 3 au Mans. Ces cours sont disponibles uniquement pour les étudiants inscrit dans ces universités. Angers dispose également d’un Master Communication numérique et multimédia. L’Espe de Lyon dispose de cours de Culture numérique en ligne pour enseignants de 1er et 2d degré, avec des bases juridiques en huit parties, des études de cas et un forum, des ressources. 
Enfin la plateforme nationale FUN propose un MOOC “Usages du Web” en culture numérique de 6 semaines, en lien avec la certification PIX, mais comme l’a montré une étude (Bernard Mocquet, 2016) la majorité des inscrits à ces MOOCS sont des salariés (61%), les étudiants ne représentent que 13%.

Comme l’a souligné l’Institut Montaigne dans un rapport (juin 2017), la certification PIX reste limitée en compétences, et sous un format encore expérimental: 

“PIX reste sous sa forme actuelle un questionnaire ne comprenant aucun volet éducatif et se réduit ainsi à une très basique évaluation des compétences sans certification en ligne. De surcroît, la plateforme semble toujours, plusieurs mois après sa mise en ligne, en mode test. Il reste encore beaucoup à faire pour initier une vraie dynamique de formation généralisée au sein de l’enseignement supérieur à l’égard du numérique.” (p. 71)

Un changement de paradigme à l’Université

Le dernier ouvrage qui traite réellement de la question vient de paraître, c’est celui de Laurent Tessier, sociologue et maître de conférences à l’Institut Catholique de Paris, chercheur associé au Centre d’études sociologiques de la Sorbonne (CESS), “Éduquer au numérique ? Un changement de paradigme” (mai 2019). Dans cet ouvrage, il revient sur les deux principaux paradigmes qui font l’éducation au numérique en France (les TICE) et dans le monde (les EdTech = Educational technologies), face à la résistance du premier paradigme, une troisième, les Humanités numériques, au sein de l’université, pourraient bien montrer enfin le chemin? 

“Alors que les TICE ont historiquement constitué le paradigme structurant pour le monde éducatif français, son allant de soi est aujourd’hui contesté par le paradigme anglo-saxon. Les EdTech ont une ambition mondiale clairement hégémonique, même si le contexte français est peut-être celui qui leur résiste le plus. De ce point de vue, les Humanités Numériques pourraient permettre à certains acteurs de trouver des ressources et des modalités curriculaires alternatives à la fois aux TICE et aux EdTech, qu’il s’agisse de logiques de production, de rapport aux savoirs ou encore de propriété intellectuelle.”

Laurent Tessier, Sociologue, maître de conférences à l’Institut Catholique de Paris, chercheur associé au Centre d’études sociologiques de la Sorbonne (CESS), “Éduquer au numérique ? Un changement de paradigme” (mai 2019)

Quels sont les freins à la mise en place et au développement de la culture numérique à l’université? Le manque de formation des enseignants en informatique et culture du web, la croyance enfantine ou marketing du mythe du digital native des jeunes eux-mêmes et des enseignants.

Enquête sur les étudiants et leur niveau de culture numérique à l’Université 

Nous proposons de faire un point d’étape à l’appui de notre propre enquête menée auprès des étudiants de l’UCO de Nantes en L1 et L3 en Information et communication, et à la lumière des récentes enquêtes et statistiques sur les usages du numérique par les étudiants.

Il existe encore malheureusement assez peu d’études sur les pratiques et les usages du numérique par les étudiants, alors que paradoxalement, ils sont censés l’utiliser au quotidien dans leurs études, pour la recherche d’information, suivre l’actualité, rédiger des dossiers, collaborer entre eux, communiquer avec l’université et avec les enseignants, rechercher des ressources, un stage, une formation, etc. 

Dans cette enquête, nous avons ciblé des étudiants, entre 17 et 25 ans de l’UCO de Nantes, pour qui j’enseigne la culture numérique et la préparation à la certification PIX. Au début de chaque semestre, je propose aux étudiants de passer un test de positionnement, afin de mieux connaître leur niveau global. 123 étudiants ont répondus, dont 85 en L1 et 38 en L3. 

Dans notre enquête, il s’agit de connaître leur niveau de culture numérique, à la fois sous forme d’une auto évaluation, de questions sur leurs pratiques numériques et sur leurs connaissances de base. Il n’y a donc pas vraiment de questions pièges, l’intérêt est de voir comment ils s’auto-évaluent et quel est a priori, et après débriefing des questions, leur réel niveau de connaissance en culture numérique et leurs attentes. 

Nous avons renseigné l’essentiel des résultats de notre enquête pour l’année 2018-2019 dans l’infographie ci-dessous. Bien évidemment, le segment étudié étant restreint, nous ne pouvons ici être exhaustifs, ni parler au nom de tous les étudiants, mais nous tenterons de dessiner des tendances.

Un niveau de culture numérique estimé à moyen en L1 à bon en L3

Quant à leur niveau de culture numérique, les L1 estiment à 59% avoir un niveau moyen, 34% un bon niveau, 5% un niveau faible, 1% a un très bon niveau. On le voit, les nouveaux arrivants, sont assez confiants dans leur auto-évaluation et restent relativement modestes, voire réalistes, ils ne cèdent pas au mythe du digital native, conscients d’avoir un niveau plutôt moyen, et donc à améliorer. Seul 1% estime avoir un très bon niveau. 

Pour les étudiants de L3, la tendance semble s’inverser vers une amélioration du niveau général: 59% pensent avoir un bon niveau de culture numérique, 34% un niveau moyen et 1% toujours un très bon niveau. Aucun.e ne signale un niveau faible. 

La mobilité en priorité

Les 18-25 ans sont maintenant 98% à posséder leur propre smartphone.

Dans leurs pratiques, ils utilisent autant leur téléphone portable que leur ordinateur portable, à 97% pour les L3 et à 82% et 70% respectivement pour les L1. Suivi des enceintes bluetooth, de l’ordinateur fixe, de la tablette à 20% et des jeux à 20%. 

Le temps passé sur Internet est de 5h à 6h en moyenne par jour. Les L1 sont 50% à passer 5h à 7h (ou plus) de temps sur Internet, alors que les L3 sont 75%, l’utilisation est donc croissante avec le niveau d’étude. 57% des étudiants de L1 passent leur temps à se divertir sur Internet, tandis que plus on avance dans les études, plus les étudiants passent autant de temps à étudier qu’à se divertir, à 47% pour les L3.

Un besoin de formation clairement exprimé

Concernant le besoin en formation, 81% des L1 et 76% souhaitent avoir un enseignement en culture numérique pour leurs études: pour maîtriser les outils web, pour améliorer leurs compétences et connaissances numériques, et ainsi maîtriser les outils qui peuvent leur servir dans leurs études. Pour 50% des étudiants, il s’agit d’améliorer leur niveau personnel de connaissances et de culture générale. 

Les étudiants se sont formés par eux-mêmes et ils ne savent pas comment fonctionne Internet ni les GAFAM

Plusieurs constats sont édifiants, même si on s’y attend, vu le retard français et la quasi absence d’éducation à l’informatique et au numérique dans le secondaire et à l’université. 

  1. Autodidactes. Les étudiants de L3 (seuls interrogés sur le sujet) sont des autodidactes de l’informatique et du numérique. Ils affirment à 80% s’être formés par eux-mêmes, au fil du temps, ‘en bidouillant’. 10,5 % ont appris avec leur entourage, famille ou amis. Seulement 5% évoquent avoir appris lors de cours au lycée, et 2% à l’université. On voit ici toute la défaite et l’insuffisance criante de l’enseignement tant secondaire que supérieur dans ce domaine. 
  2. Avec des fortes lacunes. Ce premier constat explique clairement un second constat tout aussi effarant: les étudiants ne savent pas comment fonctionne Internet. Question pourtant fort simple et basique sur cet outil qu’ils utilisent depuis qu’ils ont 10 ou 11 ans. Pour 81% des L1 (soit 70 élèves) et 58% des L3, Internet fonctionne par satellite, et non par câbles. Seuls 17% des L1 ont bien répondu par câbles (soit 15 élèves) et 47% pour les L3 (soit 18 élèves). 
  3. Une méconnaissance des enjeux du web. Sur les deux niveaux, 63 % des L1 et 66 % des L3, les étudiants ont entendu parler des GAFAM, les connaissent plus ou moins et en ont une “vague idée”. La disparité est plus grande parmi ceux qui reconnaissent ne pas savoir du tout comment fonctionnent les grandes entreprises des GAFAM, et n’en avoir aucune idée : ils sont 27% en L1, contre 18% en L3. Ici aussi les années d’études semblent tout de même améliorer leur connaissance de base. Ce résultat est corrélé au nombre d’étudiants qui affirment bien connaître les GAFAM et s’informer régulièrement : 9% des L1 et 16% des L3, soit le nombre d’étudiants concernés à quasi égalité avec 8 et 6 étudiants. 

Dans les réponses libres sur les GAFAM, les étudiants montrent cependant une certaine connaissance des problématiques actuelles et un intérêt pour ces questions. Ils critiquent le plus souvent : les risques de sécurité pour les données personnelles, la cyberviolence et le cyber-hacèlement, la publicité abusive, la circulation des fake news et la surinformation, la maltraitance des salariés, l’addiction aux réseaux sociaux et leur aspect voyeurisme-intrusif dans la vie des gens. Deux ou trois élèves évoquent la privatisation du web, l’oligopole et le manque de transparence des GAFAM. Ou encore le manque de législation au niveau national et international, ainsi que la faiblesse des États dans l’absence de poursuites pour le paiement de leurs impôts. Si la plupart de ces préoccupations sont légitimes, elles sont aussi certainement insufflées par le climat de méfiance des technophobes face aux usages du numérique dans notre quotidien, très présents dans les médias actuels. Il convient donc de revenir sur ces points avec les étudiants, en nuançant plus finement les problématiques économiques et politiques et en apportant une vision plus positive du numérique.

Usages d’Internet des étudiants : une perception plutôt positive

Notre enquête révèle des tendances plus ou moins similaires aux pratiques des jeunes en général sur les réseaux sociaux, selon les récentes études publiées par le Blog du Modérateur et par les chercheurs. Mais aussi des tendances dont nous entendons moins souvent parler. Chacun utilise Internet en fonction de ses centres d’intérêts. Si les entreprises l’ont transformé à une époque en un eldorado pour y tester de nombreux business models, Internet est tout naturellement devenu pour les jeunes une occasion de plus de se distraire, s’instruire, se faire des amis. Ils ont en moyenne entre 5 et 6 profils sur les réseaux sociaux. 

Concernant leur classement des réseaux sociaux, Instagram est le 1er réseau social utilisé par les étudiants. Ils ont pu exprimer cette préférence dans une réponse libre: Instagram fait plus jeune et moderne que Facebook. Ils y trouvent davantage de créativité, des informations, et même des contacts pour leur vie professionnelles telles que la recherche de stage. La plupart des stars y sont présentes ainsi que leurs influenceurs.ses et communautés préféré.es. Ils aiment y communiquer, poster des photographies, sans beaucoup de texte et des stories en utilisant les filtres, puisque la plateforme est célèbre pour la photographie, la mode, le design. C’est aussi l’endroit où ils vont pouvoir retrouver leurs amis, puisque pour la majorité des jeunes aujourd’hui, leur activité première sur le Web est de se connecter sur Instagram et Snapchat pour échanger avec leurs amis. Ainsi que pour se faire de nouvelles connaissances, par affinités ou par communautés, de manière plus décontractée qu’ailleurs. Facebook est déserté depuis plus de deux ans, il ne sert qu’à garder le contact avec la famille et à s’informer. 

“Instagram est mon réseau social préféré car j’adore partager ce que j’aime et mes expériences par le biais de belles photos/vidéos, tout en suivant d’autres personnes qui m’inspirent et m’informent quotidiennement. “ un.e étudiant.e de L3, info-com.

Pourquoi Instagram plait-il tant aux jeunes ? 

Selon les résultats tirés d’une étude menée par Facebook HQ, qui a étudié l’utilisation d’Instagram par les jeunes, de 13 à 24 ans en Australie, au Brésil, au Canada, en Allemagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis et en France: 72% postent des photos chaque mois, autour de quelques sujets forts qui trouvent tous une place forte dans la vie des jeunes : la mode / la beauté, la nourriture / les restaurants, la télévision / les films, les loisirs ou encore la musique. Et comme une suite logique de ce constat, 53% des jeunes de cette étude déclarent qu’Instagram les aide à définir qui ils sont. Plus précisément, 63% des jeunes utilisent le réseau social pour les aider dans leur vie. 56% se sentent plus connectés avec les gens qu’ils connaissent et 52% disent qu’ils se sentent intégrés à une communauté, grâce à Instagram. Enfin, last but not least, tout bon pour les marques, 68% des jeunes interagissent régulièrement avec des marques, avec principalement la visualisation, le like de photos mais aussi la visite de site web…

Messenger est la 2e application la plus utilisée par les étudiants, à 60 % pour les L1 et 84% pour les L3, pour échanger avec leurs famille et amis, textos et photos. Communiquer avec ses amis étant la première de leur activité, 76% pour les L1. Le chat en live est extrêmement utilisé par les jeunes pour communiquer entre eux. A noter évidemment que cette fuite de Facebook n’est pas si grave, puisque ces quatre plateformes, Instagram, Messenger, Whatsapp (utilisée à 13% pour les L1 et 42% pour les L3) et Facebook font parties de la même compagnie Facebook HQ en Californie, formant ainsi un oligopole d’une puissance inégalée sur les réseaux sociaux. Cet usage est enfin normal dans une société connectée et renforce les liens sociaux, sans les remplacer par la virtualité. En effet, 43% des étudiants en L1 et 55% des L3 préfèrent passer leur temps libre à voir leurs amis en vrai IRL (In Real Life). Les relations amicales et sociales en réel, demeurent essentiel pour les étudiants, n’en déplaise aux détracteurs des réseaux sociaux, les jeunes ne sont pas si addicts et obsédés par leur portable, puisque lors de leurs rencontres, ils les laissent de côté pour profiter du moment présent. 

A part égale, Snapchat est en 3e position pour les L1 à 56% et en 5e position pour les L3 avec 50% (57% des 11-19 ans en France). Les raisons principales sont le chat avec les amis, le chat de groupe, être sur un réseau dédié aux jeunes, moderne et dynamique, et s’informer sur Discover, format unique dédié d’actualités disponible sur Snapchat, pour 25% des étudiants de L1 et 13% seulement de L3. Cela correspond aux habitudes des jeunes, mais on voit qu’avec l’âge, les jeunes ont tendance à mettre de côté Snapchat, au profit d’autres réseaux comme Twitter pour s’informer.

La 4e position revient à Youtube à 52% et 55 %, pour sa créativité musicale et vidéos, la présence de chanteurs.euses sur ce juke box géant dans la poche, d’influenceurs.euses et de youtubeurs intéressants.tes ou drôles, la musique et l’humour étant les premiers vecteurs d’attraction et d’usages pour les jeunes. Il est très intéressant de voir que Youtube est aussi un support essentiel d’information et d’accès à l’actualité (voir infographie). Pour 38% des étudiants de L1, et pour 58 % des L3, les étudiants s’informent de plus en plus sur Youtube à mesure qu’ils avancent dans leurs études “Pour la variété des informations que l’on peut trouver et la culture qu’on peut acquérir (science, histoire…)”. On le sait, Youtube et les nouveaux médias, sont un nouveau canal important d’informations alternatives que l’on ne trouve pas sur les chaînes traditionnelles, et même de formation. Ils permettent de s’informer par soi-même, selon ses thématiques préférées, d’avoir accès et surtout de partager ces informations à leur guise. Les jeunes sont ici beaucoup plus acteurs du Web 2.0, ce nouvel eldorado, et acteurs de la “culture participative” qu’on ne le pense, en choisissant leurs contenus, en créant des collections et favoris, en s’abonnant à des chaînes, en allant à la découverte de nouveaux contenus et en les partageant à leur cercle.  

En 5e position, Twitter est utilisé par 38% des étudiants de L1, et 55% en L3, ce qui le place en 4e position pour eux. Ces chiffres sont au dessus de la moyenne, montrent un attrait de plus en plus fort pour l’application qui monte à mesure que l’on avance dans les études. L’information, que ce soit l’actualité ou les dernières nouvelles de leurs idoles ou influenceurs, et les échanges d’hashtag avec les amis, y est plus immédiate et actualisée que sur les autres plateformes. Le prisme mondial apporte une plus-value à l’expérience utilisateur. Le feed ne se limitant pas au cercle d’amis, des informations émanant de personnes de tous horizons sont disponibles sur la timeline. L’aspect public de la plateforme combiné à la rapidité de diffusion de l’information (via le Retweet) créé un sentiment d’appartenance à une communauté mondiale. Selon les étudiants, Twitter est apprécié pour la “diversité de son contenu”, pour un “usage personnel et professionnel, il y a de tout (humour, actualités…)” et “beaucoup d’informations”, pour sa “communication simplifiée”, “pour commenter les sujets d’actualité et parler librement”, les “personnalités transmettent directement leurs informations” et en plus “ce réseau n’est pas utilisé par tout le monde” (c’est à dire les parents). Enfin Twitter est “plus libre, plus direct, plus d’interaction, on choisit mieux les sujets intéressants.” Il permet de confronter les opinions divergentes: “La pluralité des sources. Notamment Twitter, il est possible de suivre des personnes avec des idées totalement opposées. Et ainsi de les confronter.”

Twitter abolit également la notion « d’amitié » inhérente à Facebook, un avantage qui a séduit Eva, 16 ans: « Sur Facebook il y a la barrière du ‘devenir amis’ alors que sur Twitter il est plus facile d’avoir une connexion avec d’autres internautes pour commenter les nouvelles ou simplement rigoler », explique-t-elle. Lydia, 17 ans, aime quant à elle, « le fait d’être lu par des personnes que l’on ne connaît pas, et qui, de ce fait ne nous jugent pas. Cela me donne une liberté que je n’avais pas ou plus sur Facebook. »

« La nouvelle popularité de Twitter attire forcément les jeunes, explique Laurent Karila, psychiatre spécialiste des addictions. Mais ce qui les séduit, c’est aussi que Twitter va plus vite que les autres réseaux sociaux, y compris Facebook. » L’instantanéité et le flux continu de messages captivent les natifs du digital. 

En 6e position se trouve Facebook, de moins en moins fréquenté par les jeunes, trop désuet, pas assez rapide, trop envahis par les parents et la famille. « Les ados quittent en masse Facebook à mesure que leurs parents et professeurs s’y mettent », constate Yann Leroux qui se décrit comme « psychologue et geek ». Les jeunes l’avouent dans leurs tweets. Les parents sont devenus gênants avec leurs demandes en amis. Alors direction Twitter ou Instagram, réseaux sociaux qui échappent encore à leur contrôle et où, contrairement à Facebook, ils ont droit à l’anonymat. 

Malgré cette érosion de Facebook, les étudiants l’utilisent pour s’informer en 3e position après les sites de journaux en ligne et après la TV qui garde une place solide malgré tout. Cela en raison des habitudes familiales, et sans doute la difficulté à trouver de l’information d’actualité sur les autres applications. 

Comment les jeunes s’informent ? Un fort intérêt pour l’actualité, mal exploré

    Dans leurs pratiques, les jeunes montrent un fort intérêt pour l’actualité qui arrive en 5e position de leurs usages d’Internet. Ils s’informent d’abord directement sur les sites web des journaux à 61% pour les étudiants de L1, et 81% des L3. La 2e source d’information reste la TV télévision à 60% quelque soit leur niveau d’étude. Cela peut s’expliquer par les habitudes familiales, et se confirme dans les habitudes des jeunes en général, de s’informer en regardant le JT en famille. En 3e position, comme nous l’avons vu plus haut, arrive Facebook suivi en 4e position de Youtube. Les jeunes ici privilégient les réseaux sociaux pour s’informer, en suivant les informations nationales et internationales, les institutions culturelles et associations locales qui n’ont pas de sites web et qui diffusent leurs informations sur Facebook uniquement. Twitter arrive en 5e position pour s’informer, à 38% chez les étudiants de L1 et 58% pour les L3. Là encore, les plus âgés ont davantage d’habitudes informationnelles. Ils fréquentent beaucoup plus les sites d’information et utilisent davantage Youtube et Twitter pour trouver de l’information. Il existe ici une problématique liée au manque de formation dans le recherche d’information, qui s’améliore avec le niveau d’étude. 

Viennent ensuite entre 30% et 25% l’usage de l’information dans la presse papier (30% pour les L1, 29% pour les L3), la radio (29% pour les L1, 52 % pour les L3), Instagram (28 et 29%), les nouveaux médias en ligne (Brut., Konbini… 27% pour les L1 et 34% pour les L3), Discover de Snapchat (25% pour les L1, 13% pour les L3), et enfin via les suggestions de leurs messageries (10%). Malgré ce fort intérêt, des problèmes demeurent dans la méthodologie de recherche d’information. On constate sur le terrain, lors des cours et des TD, une méconnaissance de la RI Recherche d’information, des méthodes documentaires, ainsi qu’une faible exploration des richesses documentaires du web. 

Les étudiants de L1 passent plus de temps sur Internet à se divertir qu’à étudier (57%). Une bonne part restante affirme passer autant de temps à se divertir qu’à étudier (40%). Les étudiants de L3 sont partagés à 50% pile, un groupe passe plus de temps à se divertir et l’autre à se divertir et à étudier à part égale (50%).  

    Dans les pratiques quotidiennes d’Internet, les étudiants L1 l’utilisent avant tout, dans l’ordre, pour: 1. échanger avec leurs amis, 2. écouter de la musique, 3. regarder des vidéos et des films, 4. voir leurs amis en vrai, 5. s’informer de l’actualité, 6. voir ce que les autres ont postés, 7. communiquer avec leur famille, 8. partager des photos ou des vidéos, 9. pratiquer une activité artistique, 10. se déconnecter et enfin 11; s’auto-former en langues ou autre.

Pour les étudiants de L3, les priorités sont un peu différentes (voir infographie), le divertissement culturel, les amis et l’information passant avant le reste: 1. regarder des vidéos ou des films, 2. échanger avec les amis, 3. écouter de la musique, 4. s’informer de l’actualité, 5. voir ce que les autres ont posté, 6. voir les amis en vrai, 7. communiquer avec la famille, 8. partager des photos ou des vidéos, 9. s’auto-former en langues ou autre, 10. pratiquer une activité artistique, 11. se déconnecter. 

Importance de la culture numérique pour les étudiants : pour leurs études en priorité

    Concernant l’intérêt que portent les étudiants eux-mêmes dans la culture numérique (on leur demande rarement leur avis, c’est bien dommage), il est intéressant de voir quel est leur horizon d’attente dans l’acquisition de ces compétences numériques. A quels fins, dans quels buts, pour quels usages dans leurs vies étudiantes, professionnelles et personnelle ? 

Leur 1er besoin et priorité est clairement destiné à leurs études, afin de savoir mieux maîtriser les outils du Web (81% des L1 et 76% des L3). Ce qui est très intéressant, car ils ont conscience de l’importance de la maîtrise des TIC pour avancer dans leurs études. La 2e priorité est d’améliorer leur niveau de culture générale (36% pour les L1, 50% pour les L3, qui semblent en avoir davantage conscience). En 3e priorité pour les L1, il s’agit de faciliter leurs recherches d’orientation et d’emploi (28%), alors que les L3 préfèrent améliorer leur niveau personnel de connaissances (50%). Les deux dernières priorités sont écologiques et professionnelles : la connaissance de l’impact environnemental d’Internet (22% pour les L1, 42% pour les L1), et la construction de leur profil et de leur réseau professionnel (23% pour les L1, 8% pour les L3). Les préoccupations écologiques passent encore devant la création d’un réseau professionnel sur le web, auquel croient encore les L1, mais guère les L3, sans doute déçus par les outils et applications existantes, ou peut-être méconnaissent-ils ce que leur e-réputation peut leur apporter, ou alors ils se sentent peu habiles à manier les outils de réseautage existant ? Ils devraient pourtant se sentir plus concernés par la création de leur réseau et la recherche d’emploi. Pourtant selon notre enquête, 97% des étudiants de L3 ont déjà créé un profil en ligne sur un réseau social professionnel, 71% ont déjà réalisé un CV en ligne, 50% ont déjà animé une page Facebook et 42% ont déjà réalisé un blog ou un site web.  

Conclusion

Veut-on former les e-citoyens et développer les métiers du numérique en France ?

Le niveau des étudiants en culture numérique est encore assez moyen, voire faible, sauf exception de quelques personnes qui s’informent régulièrement et qui se forment par curiosité, par eux-mêmes. La majorité des étudiants sont en effet autodidactes en informatique et en culture numérique. L’enseignement, secondaire et universitaire, n’a pas encore saisi l’importance et le tournant de la révolution numérique. Si bien que les étudiants sont en forte demande de formation dans ce domaine, d’abord pour les faire progresser dans leurs études, pour leur future activité professionnelle, mais aussi pour leur culture générale, et ce que l’on nomme les “soft skills” qui permet d’avoir les compétences nécessaires afin d’évoluer tout au long de sa carrière. Ils ont en effet des méconnaissances graves de notion de base, tels que le fonctionnement d’Internet et des GAFAM, dont ils utilisent pourtant quotidiennement depuis leur 11 ans leurs applications.

    Les jeunes sont très équipés en supports mobiles (smartphone et ordinateurs portables) et très présents sur les réseaux sociaux en vogue, Instagram, Snapchat, Messenger, Youtube, Twitter en majorité, avec une faible part sur Facebook et Whatsapp. Plutôt participatifs mais pas acteurs, leurs principales activités sont d’échanger avec leurs amis, regarder des vidéos, écouter de la musique et s’informer de l’actualité. Ils suivent souvent un grand nombre d’influenceurs.ses, dans l’humour, la mode, le sport, la musique. Ils montrent un fort intérêt pour l’information, l’actualité rapide, à chaud, dans un flux constant de nouvelles données, sur Facebook et Twitter. Adepte de la liberté de s’informer de manière plus personnalisée et plus souple sur Internet, ils n’explorent cependant pas toutes les richesses que peut leur offrir le Web, faute de formation dans la recherche d’information et la veille documentaire. Enfin, concernant leurs besoins, conscients de leurs lacunes, ou parfois trop confiants dans le mythe du Digital natives, ils sont très demandeurs d’une formation adaptée en culture numérique, en priorité pour leurs études et pour leur niveau de culture générale. Alors qu’est-ce que nous attendons pour répondre à ces besoins en formation en culture numérique désormais fondamentaux de milliers d’étudiants ?

A quand un enseignement de culture numérique pour tous les étudiants? L’exemple du référentiel canadien

Comme le préconise Thierry Karsenti, Professeur titulaire en intégration des technologies de l’information et de la communication à l’Université de Montréal au Canada, dans son dernier ouvrage « Le numérique en éducation » (2019) et dans un article sur « Les compétences informationnelles des étudiants à l’heure du Web 2.0 » (2014), les enseignants doivent encourager les étudiants à développer leur culture informationnelle en utilisant les techniques de recherche d’informations ponctuellement, et une veille et un réseautage informationnels continus. Il propose un cadre de référence, adopté en avril 2019 par le gouvernement du Québec, dans le but de former à la culture numérique selon 12 dimensions afin de développer l’éthique et l’esprit critique des étudiants et de mener avec eux une réflexion sur l’impact du numérique dans nos société aujourd’hui et demain:

  1. AGIR EN CITOYEN ÉTHIQUE À L’ÈRE DU NUMÉRIQUE
  2. DÉVELOPPER ET MOBILISER SES HABILETÉS TECHNOLOGIQUES
  3. EXPLOITER LE POTENTIEL DU NUMÉRIQUE POUR L’APPRENTISSAGE
  4. DÉVELOPPER ET MOBILISER SA CULTURE INFORMATIONNELLE
  5. COLLABORER À L’AIDE DU NUMÉRIQUE
  6. COMMUNIQUER À L’AIDE DU NUMÉRIQUE
  7. PRODUIRE DU CONTENU AVEC LE NUMÉRIQUE
  8. METTRE À PROFIT LE NUMÉRIQUE EN TANT QUE VECTEUR D’INCLUSION ET POUR RÉPONDRE À DES BESOINS DIVERSIFIÉS
  9. ADOPTER UNE PERSPECTIVE DE DÉVELOPPEMENT PERSONNEL ET PROFESSIONNEL AVEC LE NUMÉRIQUE DANS UNE POSTURE D’AUTONOMISATION
  10. RÉSOUDRE UNE VARIÉTÉ DE PROBLÈMES AVEC LE NUMÉRIQUE
  11. DÉVELOPPER SA PENSÉE CRITIQUE À L’ÉGARD DU NUMÉRIQUE
  12. INNOVER ET FAIRE PREUVE DE CRÉATIVITÉ AVEC LE NUMÉRIQUE

Il faudrait sans doute prendre exemple sur ce nouveau cadre de références de compétences numériques du Québec publié en avril 2019, car il inclut non seulement des connaissances techniques et pratiques, mais aussi la formation à l’esprit critique, au développement personnel et professionnel en vue d’une autonomie des jeunes adultes, ainsi que la créativité et l’innovation, beaucoup moins présente dans le cadre de référence français. Ce que d’ailleurs les étudiants ont révélé dans notre enquête, le besoin d’améliorer leur compétences numériques pour leurs études et leur niveau de culture générale, ainsi que le besoin de comprendre ce nouvel environnement tout en prenant en compte son impact écologique, préoccupation qui passe avant leur recherche d’orientation ou d’emploi.

Gouvernement du Québec – Le cadre de référence de la compétence numérique – avril 2019
http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/ministere/Cadre-reference-competence-num.pdf

Ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche (France) — Cadre de référence des compétences numériques 2017
https://www.ac-paris.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2017-01/cadre_de_reference_des_competences_numeriques_690478.pdf

Commission Européenne – Passeport de Compétences Informatique Européen (PCIE)

https://www.pcie.tm.fr/static/pcie

*Les Soft Skills sont des compétences transversales, particulièrement développées dans les Sciences humaines et sociales, mais souvent mal connues ou mal identifiées. Elles concernent à la fois la formation initiale et la formation tout au long de la vie. Ces compétences fondamentales et transversales, acquises au sein du cursus et en dehors du cursus, englobent :

  • les compétences cognitives : capacités d’analyse, de synthèse, résolution de problèmes complexes…
  • les compétences sociales : communication, interaction, collaboration…
  • les compétences relevant du développement personnel : conscience de soi, estime de soi, autonomie, adaptabilité…
  • les compétences liées à la mise en action : prise d’initiative, volonté, leadership…

Voir l’infographie de notre enquête complète ici: https://infogram.com/copy-infographie-usages-numerique-des-etudiants-etude-l-boyer-1h8n6mqlmq8j2xo?live

Laure Boyer, enseignante chercheure en Culture numérique, Université Catholique de l’Ouest UCO Nantes

Contact: lboyer@uco.fr



Atelier #Selfie #Ego-portrait – Atelier #Canopé #Poitiers 86 – 14/11/2018

Dans le cadre de la Semaine inaugurale du nouvel Atelier Canopé 86 à Poitiers, Plateform anime 2 ateliers-débats #Selfie #Ego-portraits destinés aux parents et aux élèves de 14h à 15h30 et de 15h30 à 17h

Dans le cadre de la Semaine inaugurale du nouvel Atelier Canopé 86 à Poitiers, Plateform anime 2 ateliers-débats #Selfie #Ego-portraits destinés aux parents et aux élèves de 14h à 15h30 et de 15h30 à 17h

  • Les réseaux sociaux dans le monde et en France

  • Les usages des réseaux sociaux par les jeunes en France

  • Snapchat / Tik Tok  en vidéos

  • Origine du Selfie : l’autoportrait en art

  • Les raisons du Selfie: l’image de soi

  • Le Selfie vu par les Youtubeuses et les Youtubeurs;conseils, humour

  • Les dangers du Selfie extrême : ex en Inde

  • Le Selfie dans l’art, à vous je jouer!

Entrée libre et gratuite!! Partagez! Likez !! Venez nombreux!!

Capture

Site web de l’Atelier Canopé 86 : https://www.reseau-canope.fr/service/semaine-inaugurale-de-latelier-canope-86-poitiers.html

Atelier-debat_Selfie_Canope86_14112018_LBoyer

Présentation de l’atelier-débat « Selfies et Ego-portraits » © Laure Boyer – Plateform 2018 sur Slideshare

Retrouver ma veille sur le #Selfie sur le TUMBLR  « UNLIKESELFIE » http://unlikeselfie.tumblr.com/

Unlike_Selfie_Tumblr

Pour toute information, réservation et demande de conférences et d’ateliers, veuillez remplir le formulaire ci-dessous ou me contacter ici, merci!

Conférence « Réseaux sociaux et identité numérique » J.E. du 05/10/2016

Dans le cadre du projet Réseaux sociaux et identité numérique et de l’exposition UNLIKE EMF/ Lieu multiple, Réseau Canopé et l’Atelier Canopé de Poitiers, une journée d’études et des ateliers ont eu lieu le 5 octobre de 9h30 à 17h Chapelle des Augustins (86000 Poitiers) avec le soutien de la DRAC ALPC

Voici la présentation de mon intervention pour les curieux et ceux qui souhaitent retrouver les références que j’ai utilisé: 

Laure Boyer Enseignante-chercheur en histoire de l’art contemporain, photographie et littératie numérique chez les adolescents – Membre de Consortium coopérative. Doctorat de l’Université de Strasbourg 2004 et Master en Sciences de l’Information, communication et documentation, Université de Poitiers 2012

prezi_lboyer_jedu05102016_2016-10-07_095544Réseaux sociaux et Identité numérique – Usages et esthétique du Selfie chez les jeunes: de l’exposition à la création de soi Laure Boyer
http://unlikeselfie.tumblr.com/ pour une bibliographie complète
@Plateform_LB

https://plate-form.org

laureboyerphoto@gmail.com

– Arte Creative : Me, Myself(ie) and I  5 web-documentaires sur l’aspect créatif du Selfie http://creative.arte.tv/fr/selfie

Danah Boyd, entretien en français sur France culture:

http://www.franceculture.fr/emissions/place-de-la-toile/grand-entretien-avec-danah-boyd

– Danah Boyd, C’est compliqué: les vies numériques des adolescents, C&amp;F Editions, 2016, traduction française par Hervé Le Crosnier, de l’ouvrage « It’s complicated » paru en 2004.

– Dominique Cardon, «Le design de la visibilité: un essai de typologie du web2.0 » http://www.internetactu.net/2008/02/01/le-design-de-la-visibilite-un-essai-de-typologie-du-web-20/

– Anne Cordier, Grandir connectés : les adolescents et la recherche d’information, C&amp;F éditions, 2015.

– André Gunthert, L’image conversationnelle. Les nouveaux usages de la photographie numérique, Etudes photographiques, n° 31, printemps 2014, p. 54-71. En ligne : &lt;http://culturevisuelle.org/icones/2966&gt;

L’image partagée, la photographie numérique, Paris, Textuel, 2015

 – Raphaël Karayan, Snapchat, Instagram: que font les 11-12 ans sur leurs réseaux sociaux préférés ? article du 28/09/2016, l’Express: http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/snapchat-instagram-que-font-les-11-12-ans-sur-leurs-reseaux-sociaux-preferes_1834985.html

– Christopher Lash, La Culture du narcissisme – La vie américaine à un âge de déclin des espérances (The Culture of narcissism – American Life in An Age of Diminishing Expectations, 1979), Climats, 2000

– Le Blog du modérateur : http://www.blogdumoderateur.com/etude-ipsos-junior-connect-2015/

– Que cherchent les jeunes sur les RSN ?
http://www.cite-sciences.fr/fr/ressources/bibliotheque-en-ligne/dossiers-documentaires/les-jeunes-et-le-numerique/que-cherchent-les-jeunes-sur-les-reseaux-sociaux/ 

 Infographies: Usages des réseaux sociaux des 11-14 ans et des 15-18 ans, Génération numérique, janvier 2016

 Pour le texte de ma conférence et l’organisation de nouveaux ateliers et conférences sur la Culture numérique des adolescents, merci de me contacter ici

A bientôt!